Le peuple algérien a commémoré hier le 47e anniversaire des évènements sanglants survenus le 17 octobre 1961 à Paris, au moment où le mouvement associatif, en France et en Algérie, réclame la reconnaissance des crimes coloniaux par l'Etat français. À la veille de cette date de triste mémoire pour le peuple algérien, l'association “93 au cœur de la République” d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), à Paris réclame la “reconnaissance officielle des massacres du 17 octobre 1961 comme crime d'Etat” et “l'inscription dans les manuels d'histoire de cette tragédie”. L'association considère ainsi que “la mémoire collective se trouve privée des raisons et des circonstances du massacre de centaines de manifestants algériens pacifiques”, survenus en plein Paris, ce jour-là. Elle estime en outre que “ce voile jeté sur un crime d'Etat peut et doit être levé par des actions fortes de transmission de notre mémoire collective”. Un groupe de plus d'une vingtaine d'associations et de partis politiques français ont appelé à un rassemblement le jour anniversaire de ces évènements (vendredi), expliquant que le 17 octobre 1961, “des dizaines de milliers d'Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par Maurice Papon, préfet de police de Paris”. Les organisateurs ont fait savoir que ces Algériens “défendaient leur droit à l'égalité, leur droit à l'indépendance et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes”. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés ou, pour nombre d'entre eux, refoulés en Algérie. “Des centaines, victimes d'une violence et d'une brutalité extrêmes, perdirent la vie aux mains des forces de police, suivant les ordres de leurs supérieurs”, ont ajouté les signataires de l'appel, pour qui “47 ans après, la vérité est en marche. Cependant, la France n'a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu'elle a menées, en particulier la guerre d'Algérie, non plus que dans le cortège de drames et d'horreurs qu'elle a entraînés ou dans ce crime d'Etat que constitue le 17 Octobre 1961”. Dénonçant les milieux qui “osent encore aujourd'hui continuer à parler des bienfaits de la colonisation et des honneurs officiels sont rendus aux criminels de l'OAS”, ils ont affirmé que “malgré un discours, parfois ambigu et contradictoire, sur le passé colonial de la France, la politique menée par le président de la République (Nicolas Sarkozy) témoigne d'une réelle volonté de sa réhabilitation”. R. N.