Le conflit engendré par le projet de réforme de la retraite a engendré un "préjudice moral pour l'image de marque de la France" a reconnu lundi la ministre française de l'Economie, Mme Christine Lagarde qui a lancé un appel à "la responsabilité pour laisser la chance à la France". Elle a par ailleurs ajouté que la facture des grèves et blocages depuis des semaines s'élève pour l'économie française à un montant évalué entre 200 et 40 millions d'euros par jour. "C'est une crise dont la France n'a pas les moyens de se payer le luxe", a de son coté estimé son homologue du budget François Baroi, à deux jours du vote définitif au parlement qui reste inflexible sur la contestation sociale. Dans un communiqué rendu public, lundi, la Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises (CGPME) a avancé les mêmes chiffres. "D'ores et déjà, on peut raisonnablement chiffrer le coût des grèves et de leurs effets induits à plus de 4 milliards d'euros pour l'économie française", écrit l'organisation patronale CGPME dans un communiqué. De nombreuses entreprises assurent être au bord de l'asphyxie, affirmant par la voix de leurs représentants qu'elles ne pourraient plus tenir que quelques jours, pénalisées qu'elles sont par la pénurie de carburant. L'industrie chimique, très dépendante des produits pétroliers pour ses matières premières, est en première ligne dans cette crise en raison de la paralysie des 12 raffineries françaises. Les industriels sont très inquiets : "la mise à l'arrêt des machines-outils est catastrophique pour la production, et pour les comptes", ont-il dit, dans un communiqué. Le patronat français, le Medef, a appelé de son coté à une solidarité entre entreprises et souhaité que les "grands donneurs d'ordre tiennent compte des circonstances exceptionnelles dans l'application des clauses de pénalités de leurs contrats avec les PME lorsque des retards résulteraient de cette situation". Les sept députés et les 7 sénateurs composant la commission paritaire, réunis lundi pour élaborer un texte, sont parvenus à un accord qui permettra un vote définitif du projet, mardi au sénat et mercredi à l'assemblée nationale. La réforme sur la retraite devrait été promulguée par le président Sarkozy vers le 15 novembre après un éventuel passage devant le conseil constitutionnel. Les députés et sénateurs PS ont dénoncé "un véritable naufrage démocratique" la décision de la commission paritaire parvenue un texte commun sur cette réforme. "Nous en sommes arrivés à un véritable naufrage démocratique : refus de débat avec l'opposition, refus de dialogue avec les organisations syndicales, refus de compréhension de ce qui se passe dans le pays et tout cela pour aboutir à un texte injuste, irresponsable", a lancé le député socialiste Marisol Touraine lors d'un point de presse au siège du parti. Aux yeux de nombreux français cette reforme symbolise "l'injustice et l'inégalité sociales" et c'est un exécutif au plus bas (- 3 pour Nicolas Sarkozy, - 2 pour François Fillon), selon un sondage de l'Institut français d'opinion public (IFOP) qui va affronter les lendemains de l'adoption parlementaire de la réforme des retraites et les grandes difficultés d'une sortie de crise nationale que nombreux observateurs redoutent.