L'économie française s'enfonce dans la récession. Le gouvernement va réviser d'ici début juin sa prévision pour 2009, annonce la ministre de l'Economie Christine Lagarde, qui évoque des chiffres de -2,5% à -3% dans "Le Monde" daté de mardi. Mme Lagarde annonce par ailleurs que 34.000 postes seront supprimés dans la fonction publique en 2010, tout en excluant de mener une politique de rigueur. Le secrétaire national aux services publics du Parti socialiste, Razzy Hammadi, a accusé le gouvernement d'"aggraver la crise" avec le "plus grand plan social auquel doit aujourd'hui faire face notre pays". La crise mondiale touche désormais de plein fouet l'économie française. Sans surprise, le chiffre du premier trimestre 2009, que l'INSEE doit publier vendredi, "sera sans doute mauvais", prévient l'hôte de Bercy pour préparer les esprits. "Il témoignera, comme celui du quatrième trimestre 2008 (-1,2%), du choc extrêmement brutal auquel nous sommes confrontés depuis l'automne". Ce mauvais chiffre va pousser le gouvernement, qui tablait jusque là sur une récession de -1,5% sur l'ensemble de l'année, à revoir sa prévision. La nouvelle prévision sera annoncée avant la prochaine réunion des ministres européens des Finances, prévue le 9 juin à Luxembourg, précise Mme Lagarde. La ministre de l'Economie reprend le chiffre de -2,5%, évoqué le 22 avril dernier par François Fillon. Elle évoque aussi les prévisions des organisations internationales (FMI, OCDE), qui "travaillent sur des hypothèses voisines, et jusqu'à 3%".Mais Christine Lagarde se veut rassurante pour la suite. La ministre de l'Economie croit à une "reprise graduelle", grâce aux plans de relance mis en place par tous les pays et aux réformes engagées par le gouvernement. Celles-ci "vont donner une capacité de rebond et d'agilité supérieure à nos entreprises", assure la locataire de Bercy. La ministre de l'Economie "conteste formellement" la thèse d'un décrochage de la France par rapport à l'Allemagne au moment où la reprise surviendra. Elle rappelle que le FMI, l'OCDE et la Commission européenne "prévoient tous une récession moins marquée en France qu'en Allemagne" cette année. Pour l'avenir, "la France est aidée par sa démographie", "les banques ont mieux résisté", "la France est moins touchée que l'Allemagne par le risque déflationniste" et "la consommation tient", note-t-elle. La France est néanmoins handicapée par le poids de ses déficits et de sa dette. Les nouvelles prévisions vont contraindre le gouvernement à revoir son objectif de déficit public. Il table jusqu'à maintenant sur un déficit de 5,6% du PIB en 2009. Pour les années suivantes, Mme Lagarde parle d'un rétablissement "long et progressif" des finances publiques grâce au retour de la croissance et à la maîtrise des dépenses. Le budget 2010 reprendra la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire partant à la retraite sur deux, annonce la ministre. Cela représente 34.000 postes supprimés dans la Fonction publique, après 30.627 départs non remplacés en 2009. Le secrétaire national socialiste Razzy Hammadi a dénoncé dans un communiqué l'"aveuglement libéral totalement décalé et l'obstination de la majorité", estimant que "le maintien des emplois publics (...) est le premier moyen dont dispose le gouvernement pour soutenir l'emploi et la consommation". Mais l'hôte de Bercy exclut catégoriquement de mener "une politique de rigueur qui ne ferait que fragiliser la reprise". "Nous n'augmenterons ni les impôts, ni la CSG ni la CRDS", martèle Mme Lagarde. La ministre de l'Economie se prononce au contraire pour un doublement du plafond des sommes qui peuvent être déduites de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) au titre d'un investissement dans une PME. Justifiée par la nécessité de renforcer les fonds propres des PME, cette nouvelle exonération de l'ISF, annoncée début avril par Nicolas Sarkozy, sera "réservée aux investissements directs". Le plafond est de 50.000 euros depuis le paquet fiscal voté en 2007. Christine Lagarde veut aussi "muscler le crédit impôt-recherche" et continuer à simplifier les formalités des micro-entreprises. Après l'auto-entrepreneur, elle évoque la création de "l'entreprise à patrimoine affecté qui permettrait à tous ceux qui sont à leur compte de développer leur activité sans nécessairement recourir au formalisme de la création d'une société".