Les représailles menées par l'armée française contre les populations civiles, à la suite de l'insurrection du 20 août 1955 dans le Nord-constantinois, "peuvent être considérées juridiquement comme une forme de crime contre l'humanité", a déclaré mardi à l'APS, Claire Mauss-Copeaux, chercheure au CNRS (France). Mme Mauss-Copeaux qui devait intervenir au cours de la deuxième journée du colloque consacré par l'université de Skikda au "rôle de la femme algérienne dans la Révolution", a également révélé qu'elle s'apprête à "apporter les dernières retouches" à un livre qui paraîtra prochainement en France sous le titre "20 août 1955, insurrection, répression, massacres".Pour cette chercheure du Centre français de la recherche scientifique, "il s'agit dans ce livre de dépasser les récits mythiques français dans lesquels ont ne parle jamais de l'insurrection, mais uniquement du massacre des européens au village minier d'El Alia, à l'Est de Philippeville (Skikda,ndlr)". Mme Mauss-Copeaux estime en effet, que l'insurrection "ne visait pas l'objectif de massacrer les européens". "El-Alia fut un dérapage, j'ai pu établir que la famille attaquée à Ain Abid, au Nord-est de Constantine, le fut dans un processus de vengeance personnelle", a-t-elle précisé . L'historienne considère que son livre s'inscrit "à contre-courant" du récit traditionnel des médias, les chercheurs "ayant peu écrit sur les crimes de l'armée". Des cartons d'archives contenant notamment des "plaintes contre l'armée à propos de meurtres et de pillages, ne seront accessibles que dans 60 ans, si ce n'est plus", a-t-elle ajouté. "En rester aux généralités abusives de massacre général des européens dans le Nord-constantinois, ne peut être validé par la recherche des historiens", a encore souligné Claire Mauss-Copeaux, notant que des combattants français qui se trouvaient dans le Constantinois, interrogés par ses soins, lui ont parlé de "grande honte". " Ils ont affirmé que l'Algérie c'est une question de déshonneur, allusion faite aux bombes au napalm lâchées aux alentours de la mine de fer de la presqu'île de Collo durant ces évènements", a précisé cette chercheure. "Les témoignages précis recueillis à Skikda, auprès du Moudjahid Si Brahim Ayachi ont été largement corroborés par les témoignages d'européens qui se trouvaient à El Alia au moment des faits", a -t-elle encore indiqué .