L'association internationale de défense des droits de l'homme Amnesty International a appelé mercredi les autorités marocaines à engager immédiatement une enquête sur le meurtre du jeune sahraoui Najem Garhi (14 ans) abattu dimanche dernier par des militaires marocains. "Les détails troublants sur cet assassinat doivent être étudiés immédiatement et de façon transparente", a déclaré Amnesty International dans un communiqué. "Le Maroc doit montrer qu'il n'a pas violé les règles établies par l'ONU sur l'utilisation des armes à feu, ou qu'il n'a pas eu recours à un abus de force pour bloquer l'accès aux vivres au camp de protestation des Sahraouis'', a-t-elle souligné. Selon ses proches, note Amnesty international, le jeune Najem Garhi a été abattu le 24 octobre par des militaires marocains alors qu'il se trouvait dans une voiture transportant des approvisionnements alimentaires vers un camp mis en place par les manifestants sahraouis réclamant la fin de leur marginalisation économique par le gouvernement marocain. Najem est décédé presque immédiatement après avoir reçu une balle dans les reins tirée par les forces militaires marocaines au niveau d'un poste de contrôle alors qu'il était assis à l'intérieur de la voiture avec six autres personnes, a raconté à Amnesty International la sœur de la victime, Sayida Garhi. Les victimes survivantes ont été transférées vers un hôpital militaire dans la ville voisine d'El-Ayoun, où ils ont été trouvés menottés à leur lit lorsque des membres de la famille se sont rendus le lendemain à l'hôpital, précise encore cette association internationale de défense des droits de l'homme. Amnesty international rapporte que selon la famille de la victime, Najem a été enterré le lendemain soir par les autorités marocaines qui n'ont par permis à sa mère, frères et sœurs de voir le corps ou leur dire l'endroit où il a été enterré. ''L'armée marocaine a maintenu une forte présence dans le camp, mis en place le 10 octobre par les Sahraouis qui ont quitté la ville d'El-Ayoun et d'autres villes de l'Ouest du Sahara en masse à la demande d'emploi et de logements'', souligne-t-elle. Par ailleurs, Amnesty international ajoute qu'aujourd'hui mercredi un groupe d'une dizaine de journalistes espagnols ont été empêchés par la police d'entrer dans le camp, et indique que la semaine dernière, les forces marocaines auraient utilisé des matraques et des gaz lacrymogènes pour empêcher plusieurs personnes arrivées par voitures de rejoindre ces camps afin de les approvisionner en vivres. Outre cet appel, Amnesty international fait savoir qu'elle avait adressée la semaine dernière une lettre au ministre marocain de l'Intérieur l'appelant ''au respect des manifestants sahraouis qui ont le droit à la liberté de réunion'' et l'a exhorté de non recours à ''l'abus de force'' pour disperser les manifestants. A rappeler que la présidente de la Fondation américaine Défense Forum Foundation, Suzanne Scholte, avait appelé mardi la communauté internationale à réagir face à l'escalade de la violence par les autorités marocaines au Sahara occidental. "La mort tragique du jeune sahraoui Garhi Najem (14 ans), qui a été abattu par des soldats marocains cette semaine, rejoint la longue liste des Sahraouis qui ont été emprisonnés, torturés et tués par les Marocains durant la lutte menée par les Sahraouis depuis près de quarante années pour leur droit à l'autodétermination'', a-t-elle souligné dans un communiqué. Elle a ajouté que ''l'Organisation des Nations unies doit assumer sa responsabilité dans la protection des Sahraouis dans les territoires occupés, qui a provoqué cette tragédie en occultant le référendum promis''.