Dans la nuit du 28 octobre, il a été arrêté à El-Ayoun par des agents des Groupes marocains urbains de sécurité (GUS), sous la direction du tortionnaire marocain Ichi Aboulhassane. Lembarki Hamdi Ould Salek Ould Lmahjoub a eu le malheur, pourrait-on dire, de brandir le drapeau de la RASD dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine. Dans la nuit du 28 octobre, il a été arrêté à El-Ayoun par des agents des Groupes marocains urbains de sécurité (GUS), sous la direction du tortionnaire marocain Ichi Aboulhassane. Il a été soumis à des tortures en pleine rue. Il a ensuite été conduit au siège de la police judiciaire, où il a été encore violemment tabassé. C'est donc dans un état critique qu'il a été transféré plus tard à l'hôpital de Belmehdi (El-Ayoun) où il a été déclaré mort : Lembarki est le premier sahraoui décédé depuis le 21 mai 2005, date du lancement des manifestations pacifiques dans les territoires occupés et au sud du Maroc, “pour proclamer l'autodétermination et l'indépendance du Sahara occidental”. Selon les informations parvenues des territoires occupés, l'enquête sur les détails de la mort du jeune Lembarki n'a pas encore été menée. Les mêmes sources indiquent que le décès remonte à dimanche après-midi et après son annonce, une centaine de citoyens sahraouis s'est rassemblée devant le domicile de la victime pour entamer une marche pacifique, aux fins de condamner l'acte ignoble. La foule a scandé des slogans hostiles à la répression marocaine et appelé à une intervention urgente de la communauté internationale pour protéger les civils sahraouis. Mais, les forces occupantes ont réagi brutalement pour disperser les manifestants, sans se préoccuper de la présence onusienne sur le sol sahraoui. Un des manifestants, du nom de Brahim Dahane, qui est un défenseur des droits de l'Homme et un ex-détenu, a été enlevé au boulevard de La Mecque par des membres du GUS. Son sort est encore inconnu. Les dernières informations qui nous sont parvenues révèlent qu'une campagne de répression est menée dans les quartiers d'El-Ayoun. On parle de maisons “saccagées”, de femmes, de vieux et d'enfants “sauvagement tabassés”, ainsi que d'un “climat de tension” régnant dans la ville sahraouie. L'Union des journalistes et écrivains sahraouis (UPES) a condamné l'assassinat de Lembarki Hamdi, premier martyr de “l'Intifadha de l'indépendance”, en appelant à “l'ouverture d'une enquête internationale sur les violations marocaines des droits humains” dans les territoires occupés du Sahara occidental et au sud du Maroc. Dans un communiqué de presse daté de dimanche, l'organisation a également interpellé “toutes les instances internationales”, notamment l'ONU et le Parlement européen, leur demandant d'intervenir “immédiatement” pour protéger la population sahraouie dans les territoires occupés du Sahara occidental. “Nous relevons (…) que la répression systématique par les autorités coloniales marocaines contre la population sahraouie (…) a dévoilé dans toutes ses dimensions la volonté d'assassinat avec préméditation adoptée comme politique génocidaire par l'occupant marocain à l'encontre du peuple sahraoui, depuis l'invasion militaire du territoire en 1975”, a soutenu l'UPES, en notant que “l'ONU se doit d'assumer toutes ses responsabilités à l'égard du peuple sahraoui, y inclus sa protection de la tyrannie et de la répression marocaine et le parachèvement du processus de décolonisation du territoire”. Hier, la ville d'El-Ayoun était toujours quadrillée par les forces répressives marocaines. La Marche verte et la décolonisation La mort tragique du citoyen sahraoui intervient cinq mois après le déclenchement des manifestations populaires au Sahara occidental, des manifestations pacifiques où la principale revendication est l'indépendance du territoire sahraoui. Ces rassemblements, accompagnés du drapeau de la RASD et de tracts favorables aux droits humains et à l'autodétermination du peuple sahraoui, ont commencé, pour rappel, le 22 mai dernier suite au transfert d'un prisonnier sahraoui d'une prison à une autre. Les manifestations se sont alors répétées les jours suivants, malgré l'appareil répressif de l'occupant marocain qui s'est distingué par les enlèvements, les arrestations, les emprisonnements et la torture des manifestants. Il n'est point exagéré d'affirmer que le dossier sahraoui connaît actuellement une nouvelle dynamique, impliquant cette fois la population sahraouie des territoires sous occupation. En juin dernier, le 16e congrès de l'Association internationale des juristes démocrates (AIJD) se disait profondément préoccupée par “le déni de justice dont continue de souffrir le peuple sahraoui, et ce, depuis plus de 120 années d'occupation étrangère au Sahara occidental”. Il s'estimait extrêmement “frustré par les reports incessants de la tenue d'un référendum d'autodétermination libre et régulier” au Sahara occidental et appelait les Nations unies, son Conseil de sécurité à “mener à bien le processus de décolonisation (…) conformément à la légalité internationale”. L'AIJD exprimait, par ailleurs, son inquiétude par rapport à “la persistance des flagrantes violations des droits de l'Homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, et tout particulièrement la violente répression des manifestants pacifiques”. Une campagne internationale pour la libération de Aminatou Haidar, Ali Salem Tamek et tous les autres prisonniers politiques sahraouis a été lancée depuis, en solidarité avec “les victimes de la répression”, mais aussi pour exiger du Maroc “de lever immédiatement le blocus militaire et médiatique du territoire du Sahara occidental”. Les organisateurs de la campagne dénoncent “l'interdiction d'accès au territoire de délégations étrangères” et appellent l'ensemble des gouvernements, institutions, organisations et forces politiques “à exercer toute la pression nécessaire pour exiger le respect scrupuleux des droits fondamentaux de la population civile sahraouie dans les territoires occupés”. Aujourd'hui, les forces d'occupation sont confrontées non seulement aux militants du Polisario et aux défenseurs sahraouis des droits humains, mais également aux étudiants, travailleurs, femmes au foyer, lycéens et écoliers sahraouis dans les territoires occupés et au royaume du Maroc. Des manifestations sont déclenchées dans des écoles et lycées, débouchant sur des arrestations et des affrontements dans les rues, ainsi que sur la violation de domiciles au mépris des lois et des conventions internationales, faisant de nombreux blessés. Dernièrement, le Parlement européen s'est dit “vivement préoccupé” par les derniers rapports d'Amnesty International et de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), faisant état “de graves violations, par le Maroc, des droits de l'Homme à l'encontre des populations sahraouies”. Dans sa résolution, il demande “la protection des populations sahraouies, le respect de leurs droits fondamentaux, notamment à la libre expression et à la liberté de mouvement”. Il appelle le Maroc à “faciliter l'accès au territoire du Sahara occidental aux observateurs indépendants, aux représentants des organisations de défense des droits de l'Homme ainsi qu'à la presse internationale”, tout en déplorant à ce propos “l'expulsion de plusieurs délégations européennes”. Relevons, enfin, que la mort, dimanche passé, de Lembarki Hamdi Ould Salek Ould Lmahjoub survient quelques jours avant le 30e anniversaire de la Marche verte, lancée le 6 novembre 1975 par le roi Hassan II pour occuper l'ancienne colonie espagnole, sous prétexte que le royaume a la souveraineté sur le territoire sahraoui. Hafida Ameyar