Le fléau du travail des "petites bonnes" au Maroc s'amplifie de jour en jour et des dizaines de fillettes âgées entre 8 et 15 ans travaillent dans des conditions inhumaines, indique un mémorandum du collectif pour l'éradication du travail des petites bonnes. Selon ce collectif qui regroupe 29 associations et réseaux dans toutes les régions marocaines, le Maroc ne peut plus se permettre le mutisme sur ce phénomène difficile à légitimer et qui prend de l'ampleur. Le collectif qui déclare ne pas avoir de chiffre exact sur ce fléau excepté ceux de l'Unicef de 2006 où il est indiqué qu'entre 66.000 et 88.000 fillettes étaient employées comme petites bonnes, a réalisé une enquête en mars 2010 qui a dévoilé que l'origine de cette réalité se trouve dans l'indigence des parents, le poids des traditions et le manque d'infrastructures étatiques dédiées à la petite enfance. L'enquête menée par ce collectif d'Organisations non-gouvernementale auprès de 169 familles employeuses dans cinq régions (Rabat, Casablanca, Marrakech, Meknès et Ouarzazate) indique que 100% des familles employeuses choisissent des filles entre 8 et 15 ans et 75% de ces employeurs connaissent l'âge légal de la scolarisation obligatoire et 67% n'ignorent pas les dispositions légales sur l'interdiction du travail des enfants de moins de 15 ans. L'enquête dévoile également que 61% des employeurs ont même suivi des études supérieures et ont une parfaite connaissance des droits de l'enfant alors que 74% d'entre eux ont une vie confortable leur permettant d'employer des adultes. S'agissant des familles qui envoient leurs petites filles "au travail" l'enquête a révélé sans surprise que 75% sont démunies et 83% sont analphabètes méconnaissant totalement les droits de leurs enfants. L'investigation montre aussi que 68pc de ces familles ignorent les dispositions légales sur l'obligation de scolarisation des enfants jusqu'à l'âge de 15 ans et 76% ne savent pas que l'emploi des moins de 15 ans est interdit. Il en résulte que l'écrasante majorité des petites bonnes âgées de moins de 15 ans soit 79% d'entre elles, sont définitivement écartées du système scolaire. L'éloignement de l'école (25%), le poids des traditions (32%) et la pauvreté des parents (43%) sont autant de causes qui poussent au travail de ces enfants, révèle l'enquête de ce collectif qui revendique un cadre juridique pour protéger cette catégorie par l'adoption d'une loi spécifique afin de sauver ces fillettes.