Le groupe ''Afrique'' compte sur l'Algérie ''pour aider et coordonner la position de l'Afrique'' dans la lutte au niveau international contre la désertification, ont déclaré mercredi à Alger des responsables onusiens chargés de la lutte contre la désertification. "Nous voulons vraiment compter sur la présidence algérienne du groupe Afrique pour aider et coordonner la position (de l'Afrique) pour faire valoir cette préoccupation africaine de la désertification et la dégradation des terres", a déclaré à la presse le coordonnateur au niveau du secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), Boubacar Cissé.L'Algérie est reconnue comme étant un pays pionnier dans la lutte contre la désertification en Afrique, notamment avec le programme de ''ceinture verte'' du barrage Vert, lancé dans les années 1970. "Nous comptons sur l'expérience algérienne pour faire entendre notre voix", a déclaré pour sa part le directeur chargé de la politique forestière et de la gestion des terres au niveau de l'Union africaine, Almami Dampha, en marge de l'installation à Alger du comité consultatif régional africain de lutte contre la désertification. L'Algérie va plaider au sein de ce groupe, qu'elle préside sur une période de deux ans, pour sensibiliser la communauté internationale sur le phénomène de la désertification, qui menace l'Afrique. "La problématique de la désertification commence à avoir de l'importance, grâce à un travail de fourmis effectué ces dernières années, mais nous pensons que ce n'est pas assez", estime par ailleurs le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa. "Dans le débat global, la place de la lutte contre la désertification et la dégradation des sols n'est pas au niveau des attentes des pays africains", a-t-il ajouté. L'Afrique était à l'origine de l'initiative de la Convention sur la lutte contre la désertification prise en 1992 au sommet de Rio, durant lequel les chefs d'Etat et de gouvernement avaient discuté pour la première fois des problèmes environnementaux, qui menacent la planète. Parmi ces questions environnementales, il y a notamment les changements climatiques, la biodiversité, et la désertification. Le continent africain avait alors pesé de tout son poids pour faire admettre à la communauté internationale que sa première préoccupation environnementale était la lutte contre la désertification et la dégradation des sols."Maintenant, il est important que l'Afrique garde le cap et ne se laisse pas influencer par les idées qui viennent des préoccupations des autres régions", estime encore M. Cissé. Pour lui, la question du changement climatique "porte ombrage à la problématique qui nous concerne au niveau du continent", la désertification. "On parle de la faim en Afrique et de l'insécurité alimentaire au niveau mondial au moment où l'Afrique regorge de terres arables, qui ont besoin d'être valorisées, pour permettre à la communauté internationale de régler le problème de la sécurité alimentaire", a-t-il souligné. M.Cisse a évoqué d'autres problèmes, qui ont pris une dimension internationale, et liés à la dégradation des terres. Il s'agit entre autres des migrations humaines en Afrique à travers des déplacements des populations des zones rurales vers les villes et de plus en plus vers les pays étrangers. Les attentes de l'Afrique sont donc "que la communauté internationale s'intéresse au problème principal de l'Afrique, qui est la dégradation des terres et la désertification, et qu'il y a des liens forts entre celle-ci et le processus des changements climatiques. Ces derniers aggravent la situation des terres", a indiqué ce responsable onusien. L'Afrique attend de la communauté internationale des campagnes de financement de projets de lutte contre la désertification, estiment plusieurs délégués africains. "Actuellement, tous les financements mobilisés au niveau international ont tendance à s'orienter vers les questions du climat", regrette M. Cissé. Selon le représentant de l'UA, l'Union européenne s'est portée garante d'une aide de 1,4 million d'euros à accorder à un groupe de 8 pays dont l'Algérie sur les 19 concernés par la réalisation du projet de ''la muraille verte''. Annoncé en 2005 par l'UA, ce projet va coûter au total près de 636 millions de dollars. "C'est un défi à relever. Notre rôle est de conjuguer les efforts pour réaliser ce projet, qui nécessite l'implication des ressources des pays membres", a souligné, M. Dampha.