Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a insisté lors de sa participation au 3e sommet Afrique-Europe, qui a pris fin mardi soir à Tripoli, sur la l'importance de la promotion de l'investissement européen en Afrique, la promotion de la paix et de la sécurité, ainsi que sur le droit de l'Afrique à développer les nouvelles technologies. Sur le volet de la promotion de l'investissement, le président Bouteflika a appelé les pays européens à développer des instruments "plus incitatifs" pour orienter davantage leurs entreprises vers l'investissement en Afrique et en faire l'élément moteur des relations entre les deux continents. Relevant que quelques pays européens ont commencé à ouvrir la voie à travers la mise en place de nouveaux fonds d'investissement et de garantie "plus adaptés" pour encourager les investissements sur le continent africain, il a fait observer qu'il convient aussi d'accorder "une attention plus grande" à la diffusion de l'information sur les possibilités d'investissements que présentent les pays africains. Le président de la République a également considéré que l'enjeu de l'investissement européen en Afrique "dépasse largement le seul aspect économique", ajoutant qu'il reflète aussi "l'exigence de bâtir un espace de co-prospérité qui constituera le socle de la stabilité et du progrès pour les deux régions". Pour le chef de l'Etat, le thème central du sommet (l'investissement, la croissance économique et la création d'emploi) offre à l'Europe et à l'Afrique une "opportunité à saisir" pour construire une relation qui puisse être d'un apport effectif aux exigences du redressement économique de l'Europe et d'une croissance forte et durable de l'Afrique. S'agissant du droit des pays africains à développer les nouvelles technologies, il a souligné que l'Afrique aspire à se hisser de son statut de puissance potentielle à celui de pôle de croissance et de développement. "Pour peu que ses efforts soient adéquatement accompagnés, l'Afrique qui aspire aujourd'hui à se hisser de son statut de puissance potentielle à celui de pôle de croissance et de développement, peut légitimement aspirer également à passer du stade de consommation des TIC à celui de l'industrie et de la production", a-t-il affirmé à ce sujet. C'est dans ce contexte qu'il a relevé qu'il n'est pas "fortuit" que le volet TIC occupe une large place dans le Programme pour le développement des infrastructures en Afrique et dans le Plan d'action africain pour la période 2010-2015. Le président Bouteflika a souligné, en outre, que l'intégration du NEPAD dans l'UA et la création conséquente de l'agence du NEPAD avec pour mandat, principalement, de faciliter et de coordonner la mise en œuvre des programmes et projets continentaux et régionaux dans les secteurs prioritaires pour l'Afrique, marque l'engagement du continent en faveur du renforcement de l'intégration régionale. A cet effet, il a fait remarquer que, sans un développement adéquat des infrastructures, en particulier des transports et des technologies de l'information et de la communication, l'impact des efforts déployés en vue du renforcement du commerce régional et interrégional ne sera que limité. Il a indiqué que c'est dans cette optique que l'Algérie a inscrit la réalisation de la route transsaharienne, la construction de l'autoroute Est-Ouest ou les projets de gazoduc et de câble de fibre optique devant relier le Nigeria et l'Algérie. Le président Bouteflika a aussi mis l'accent sur l'importance de renforcer le soutien aux programmes africains de développement des énergies renouvelables. Il a estimé "nécessaire que le partenariat euro-africain accorde davantage d'attention à ce volet afin de permettre au continent d'être en mesure de mener avec succès les processus d'adaptation aux effets des changements climatiques dont l'origine est à 96 % extra-africaine". Le chef de l'Etat a, ainsi, plaidé pour que l'Afrique bénéficie de "financements conséquents" au titre de l'adaptation aux changements climatiques et devrait, a-t-il souligné, bénéficier d'une partie importante des financements à court terme promis à Copenhague. A propos des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), le président Bouteflika a affirmé que l'Afrique a besoin de réaliser un taux de croissance de 7% par an pour les atteindre. C'est ainsi qu'il a indiqué que les prévisions, à partir de 2011, sont "positives" puisqu'elles sont de l'ordre de 5 %, mais, a-t-il fait observer dans sa contribution sur "les OMD, l'agriculture et la sécurité alimentaire", il faudra soutenir et accélérer encore ce rythme. Il s'agit, selon le président Bouteflika, d'un "défi pour l'Afrique et une opportunité pour l'Europe de resserrer ses liens et établir une coopération plus diversifiée et mutuellement bénéfique avec notre continent". En matière de paix et de sécurité ainsi que du démantèlement des bases arrières du terrorisme, le président de la République a affirmé que l'Europe et l'Afrique ont tout à gagner d'un dialogue "plus intense" et d'initiatives "conjointes". Tout en relevant, à ce sujet, le "stade avancé" et le "succès atteint" par la mise en œuvre de l'Architecture africaine de paix et sécurité, facilité par les apports européens, le président Bouteflika a fait observer que son parachèvement est une tâche qui "pourra être menée à bien dans les meilleures conditions avec la coopération continue de l'Union européenne". A propos de la "Gouvernance et droits de l'homme", le président Bouteflika a plaidé pour la mise en place en Afrique d'institutions de gouvernance, l'approfondissement de la pratique démocratique et la promotion des droits humains et du statut de la femme. Considérant que les partenariats entre l'Europe et l'Afrique sur la paix et la sécurité ainsi que sur la gouvernance et les droits de l'homme ont pris un départ des "plus prometteurs", il a souligné qu'ils auront "valeur d'exemple" pour les autres secteurs et thématiques et inscriront la relation Europe-Afrique dans la perspective de globalité qu'ambitionne la stratégie conjointe. Dans sa contribution sur le thème "Migration, mobilité et création d'emploi", le chef de l'Etat a souligné la "haute importance" que les échanges humains entre l'Afrique et l'Europe soient régis par une "politique clairvoyante" qui prenne en compte les causes profondes des phénomènes migratoires. Relevant que la mondialisation confère une nouvelle dimension aux mouvements de population, le chef de l'Etat a précisé que cette évolution doit conduire l'Afrique et l'UE, dans le cadre de leur partenariat, à se pencher aussi sur le problème de l'organisation des nouveaux flux migratoires qui est traité sans prendre en compte les préjudices potentiels au détriment des pays africains.