Les participants au colloque arabe international de soutien aux prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes ont appelé lundi à Alger à la création d'une instance médiatique internationale de soutien aux prisonniers palestiniens. Les intervenants lors de ce deuxième et dernier jour du colloque ont affirmé que cette instance aura pour mission de mettre en oeuvre une stratégie de communication sur les prisonniers palestiniens et d'unifier les activités de tous ceux qui sont convaincus de la nécessité de soutenir la cause palestinienne. Ahmed Adhimi, professeur à la faculté des sciences politiques et de l'information d'Alger a décrit, dans sa communication sur "les éléments de la stratégie de communication pour soutenir les prisonniers palestiniens" cette instance comme "un espace virtuel sans frontières géographiques, linguistiques, religieuses, ethniques ou politiques". Cette instance, a-t-il dit, sera une sorte de banque de données sur tout ce qui intéresse les prisonniers et une base d'information et de communication dont les informations seront transmises aux différents média dans le monde et à travers laquelle la communication s'établira avec tous les concernés, les militants et les sympathisants avec la cause des prisonniers palestiniens. Pour l'intervenant les principales missions de cette instance résident dans la publication de toute information relative aux prisonniers en relevant les aspects contraires au droit international et aux droits de l'homme tels l'incarcération et la torture des enfants et leur privation de la scolarité et de la visite de leurs parents. Il s'agit également pour cette instance de publier tout ce qui peut mettre à nu les pratiques inhumaines des forces d'occupation. Le même intervenant a proposé que le siège de cette structure soit établi dans l'un des pays arabe qui n'ont pas de relations diplomatiques avec Israël. Le financement doit être assuré par les cotisations des sympathisants avec la cause palestinienne et les produits intellectuels de l'instance. "Amener l'opinion publique occidentale à s'intéresser à la cause des prisonniers palestiniens et opérer un changement dans sa position envers la cause palestinienne de manière générale en la poussant à faire pression sur les gouvernements n'est pas impossible, a-t-il estimé. Abdelalli Rezagui, professeur à la faculté des sciences politiques et d'information a, pour sa part, précisé dans sa communication sur "l'information et les personnalités qui soutiennent les prisonniers", que le recours aux chiffres pour mettre en exergue la dimension de la tragédie des prisonniers palestiniens est à même de montrer les souffrances du peuple palestinien sous occupation sioniste. M. Rezagui a affirmé que l'arrestation de pas moins de 8000 enfants depuis le début de l'Intifada d'Al-Aqsa en septembre 2000 dont 300 enfants croupissent toujours dans les geôles, pourrait être "un argument de taille et un atout entre les main des organisations des droits de l'homme". Les expériences des peuples arabes ont démontré que les détenus pouvaient être un élément essentiel pour la résistance palestinienne, a-t-il relevé, soulignant que les détenues algériennes durant la révolution nationale à l'instar de Djamila Bouhired, Djamila Boubacha et Djamila Bouaza avaient porté trés haut la question algérienne à travers la médiatisation de leur détention, a-t-il estimé. Tant que la question des détenus palestiniens "n'aura pas des dimensions arabe et internationale, et tant qu'elle n'est pas inscrite parmi les dossiers défendus par les associations des droits de l'homme, elle restera un simple point tactique au sein de la stratégie et des négociations avec l'ennemi et non une vitrine médiatique de la cause palestinienne", a-t-il souligné. Pour sa part, le jordanien Mohamed Chérif El-Djioussi a appelé lors de son intervention intitulée "Les prisonniers et les disparus dans les prisons sionistes à travers la presse arabe", à la création d'une commission arabe chargée de l'information, financée par les pays pétroliers et consacrée aux détenus arabes dans les prisons israéliennes dont le but est de fournir le soutien matériel et moral à leurs familles. Il a appelé tous les mass médias arabes à consacrer un espace aux détenus, en vue de mediatiser les souffrances qu'ils endurent au quotidien dans les geôles israéliennes et d'assurer davantage d'adhésion à la cause palestinienne. L'écrivain et journaliste du quotidien "El-Doustour", Nouaf Ezro, a évoqué les différentes formes (150) de tortures subies par les détenus et utilisées contre une majorité d'enfants palestiniens détenus dont la torture morale et la gégène. 202 détenus ont succombé dans les prisons israéliennes depuis 1967, dont 47 durant les premières heures de leurs incarcération. 73 autres détenus sont décédés suite à la négligence médicale. Le "Club du détenu" a réussi l'année dernière à recenser plus de 1600 détenus malades dans les prisons de l'occupation israélienne souffrant essentiellement de maladies cardiovasculaires, de diabète ou d'amputation d'un de leurs membres.