Photo : M. Hacène Par Ali Boukhlef «Les histoires individuelles importent peu. Le plus important est la marche de tout un peuple. Il faut en finir avec la lâcheté de certains dirigeants arabes qui laissent des milliers de prisonniers palestiniens mourir à petit feu dans les prisons israéliennes.» Cette confession de Nader El Djoubi, un Palestinien ayant passé 21 ans dans les geôles israéliennes, résume à elle seule l'esprit du symposium sur les prisonniers de guerre palestiniens, qui s'est ouvert hier au palais des Nations à Alger. Organisée conjointement par le Front de libération nationale et un comité palestinien, cette rencontre est la première du genre depuis l'occupation israélienne des territoires palestiniens. Et pour une première, il faut dire que les organisateurs n'ont pas fait dans le détail, même si les objectifs réels de la rencontre ne sont toujours pas connus. Toujours est-il qu'à l'ouverture de la réunion, les interventions et la qualité des intervenants ont été les signes avant-coureurs d'une rencontre qui fera date. Il suffit de voir le nombre de journalistes présents pour s'en rendre compte. Il n'y a pas de trace de médias occidentaux, hormis les agences de presse. Les médias arabes et algériens, eux, ont fait la différence.Les interventions, à commencer par celles de Abdelaziz Belkhadem et de Abdelaziz Es Sayed, président du comité d'organisation, ont vite fait de tracer les grandes lignes de ce que seront les deux jours de travaux : le calvaire des prisonniers palestiniens ne doit pas passer inaperçu et la communauté internationale ne doit pas rester les bras croisés. Tour à tour, Ramsey Clark, ancien haut fonctionnaire au secrétariat d'Etat américain à la Justice, George Galaoui, parlementaire anglais, Alima Boumediène, sénatrice française, Anne-Marie Lizin, ancienne parlementaire belge, ou encore Maan Bachour, directeur du centre arabe de la continuité du soutien aux Palestiniens, ont tous plaidé pour faire sortir les prisonniers palestiniens de l'anonymat. «Regardez comment les Israéliens utilisent l'image d'un seul prisonnier, Gilad Chalit, pour défendre leurs causes. De la même manière, les Palestiniens et ceux qui les soutiennent doivent axer sur des prisonniers bien précis pour sensibiliser l'opinion publique mondiale sur le martyre des prisonniers palestiniens», a estimé l'ancienne parlementaire belge, Anne-Marie Lizin. Pour le représentant des associations des familles des prisonniers d'El Qods, Amdjed Abou Asab, les prisonniers peuvent être le ciment de l'unité palestinienne. «Après l'apparition des divergences politiques entre les factions, les prisonniers ont publié un communiqué dans lequel ils ont appelé à l'unité», a-t-il rappelé. «Cette rencontre doit servir de point de départ d'une solidarité internationale autour des prisonniers palestiniens», a prédit, pour sa part, Fadwa Barghouthi, l'épouse de Marwan Barghouthi, le charismatique leader palestinien qui porte à lui seul 67 condamnations à mort. Fadwa Barghouthi, députée du Fatah, est venue avec un message écrit de son mari. Elle l'a lu dans une ambiance empreinte d'émotion. Le même sentiment a envahi la salle du palais des Nations à la lecture du message de l'autre détenu politique, Ahmed Sadate.Comme ces deux symboles, ce ne sont pas moins de 6 700 prisonniers palestiniens qui croupissent dans les geôles israéliennes. Beaucoup d'entre eux sont condamnés à des peines très lourdes, dont la prison à vie.