Le Conseil de sécurité des Nations unies tient des consultations sur la Côte-d'Ivoire où le processus de réconciliation et de paix est fortement mis à mal par le président Laurent Gbagbo. La situation a brutalement dégénéré avec la paralysie de la capitale par les partisans du président ivoirien qui exigent le départ non seulement de la France mais aussi de l'ONU et de ses forces de maintien de la paix. Selon le responsable des 7 000 Casques bleus de l'Onuci, il s'agit là de violences “orchestrées” à l'endroit de tous les personnels internationaux qui sont en Côte-d'Ivoire pour l'aider à se relever. Pour l'ONU, le protagoniste de la reprise des hostilités est bien Gbagbo puisque Kofi Annan a demandé au président ivoirien de faire cesser ces violences, lui rappelant ses responsabilités. Abidjan est totalement paralysée pour le troisième jour consécutif. Alors que des manifestants pro-Gbagbo encerclaient l'ambassade de France et le quartier général de l'ONU, le Front populaire ivoirien, parti présidentiel, s'est retiré du gouvernement de transition et du processus de paix en Côte-d'Ivoire. Gbagbo, qui n'a jamais accepté de partager le pouvoir, a fait capoter les efforts de la communauté internationale pour réconcilier le pays divisé entre ses forces loyalistes et la rébellion qui contrôle le Nord depuis 2002 et dont le cessez-le-feu est assuré par l'Onuci et 4 000 militaires français de la force Licorne. L'Union africaine a jeté le gant après l'échec de la médiation sud-africaine, présentée pourtant comme la solution acceptable par les parties ivoiriennes, à commencer par Gbagbo. Le Premier ministre ivoirien avoue lui-même que le moment est critique en Côte-d'Ivoire, soulignant qu'il y a quelques semaines un accord était atteint par toutes les parties pour se placer derrière lui et l'aider à gérer pacifiquement la transition et à préparer les élections. Le Conseil de sécurité a prévenu depuis longtemps Gbagbo qu'il lui infligerait des sanctions au cas où il ne respectait pas ses engagements. Encore faut-il que l'Union africaine les accepte. Car, l'organisation panafricaine continue de fonctionner comme un syndicat des chefs d'Etat en dépit de sa réforme. Tandis que l'ONU espère amener à la raison le président ivoirien, la France, qui se dit très préoccupée, ne manque pas de pointer du doigt Gbagbo. Le chef d'état-major des armées françaises s'est fait menaçant déclarant que le moment est venu de prendre des sanctions internationales contre lui. Dénonçant la mauvaise volonté “évidente” de Gbagbo, le général français a déclaré : “Cela dure depuis trois ans, ça suffit !” D. Bouatta