Les participants à une journée parlementaire consacrée à "la pratique journalistique entre la réglementation et l'auto organisation professionnelle", organisée, mercredi, au siège de l'Assemblée populaire nationale (APN), ont appelé à l'amendement du code de l'information de 1990 et à l'élaboration d'une charte de déontologie de la profession de journaliste. Les différents intervenants qui se sont relayés à la tribune ont estimé que ces mesures sont à même de professionnaliser d'avantage le travail des journalistes, outre le fait de déterminer, avec précision, la définition de certains concepts liés au délit de presse, à l'instar de la diffamation. Lors de son intervention, le directeur du quotidien arabophone Echourrouk, M. Ali Fodhil, a indiqué que l'actuel code de l'information ,"vieux de 20 ans", doit être revu et enrichi afin de pouvoir arriver à déterminer, avec exactitude, les missions dévolues aux journalistes et le cadre dans lequel ceux-ci sont appelés à exercer. Il a ajouté qu'une charte de déontologie de la profession de journaliste s'impose "plus que jamais" afin d'"éviter les dérapages" qui surviennent dans l'acte d'informer et de permettre au journaliste d'arriver à la source de l'information. Au sujet de la liberté d'expression en matière d'informations, le directeur du quotidien Echourrouk a affirmé que l'Algérie est, sans conteste, leader en la matière dans le monde arabe et africain. L'existence de plus de 80 quotidiens sur la scène médiatique en est "révélateur à plus d'un titre", a-t-il dit. Evoquant l'actuelle pratique journalistique en Algérie, l'intervenant a, notamment, évoqué l'absence de rigueur en matière de détermination des concepts liés au délit de presse. En guise d'illustration, M. Fodhil a indiqué que la diffamation est "interprétée différemment" par les magistrats qui se basent sur différents paramètres. Selon lui, "cet état de fait influe sur le travail du journaliste et l'incite à pratiquer l'auto censure". Pour M. Fodhil, il est impératif que les poursuites judiciaires dont font l'objet les journalistes "se fassent dans le cadre du code de l'information et non dans le cadre du code pénal afin de préserver la dignité du journaliste et de la corporation". "Le journaliste n'est pas un surhomme. S'il commet une erreur, la sanction doit s'inscrire dans un cadre bien déterminé, loin de tout préjugé ou à priori", a-t-il soutenu. Le professeur Abderrahmane Amar, enseignant à la faculté des Sciences politiques d'Alger, a appelé, de son côté, à réhabiliter le conseil supérieur de l'information, lequel aura, entre autres missions, la prise de mesures disciplinaires à l'encontre des journalistes ayant commis des fautes professionnelles. M. Amar a estimé, lui aussi, que les poursuites à l'encontre des journalistes doivent s'effectuer dans le cadre du code de lÆinformation et non dans celui du code pénal. Dans le même contexte, le professeur Amar a estimé que le conseil de déontologie de la profession de journaliste doit être réhabilité, précisant que cette structure existe mais "n'est pas opérationnelle". Il a appelé les journalistes à s'organiser et à se rassembler, dans un souci d'"efficacité", sous l'égide d'un même syndicat. Le président de l'APN, M. Abdelaziz Ziari, a, dans un message lu par le vice-président, M. Abdelkader Mechbek, souligné que cette journée parlementaire traduit l'intérêt que porte l'institution législative au secteur de l'information et à son rôle dans la société. M. Ziari a exprimé le soutien de l'APN à la mission d'informer et émis le souhait que les débats de cette rencontre constituent une contribution permettant d'amender le code de l'information.