L'agression criminelle, perpétrée lundi dernier, par les forces d'occupation marocaines contre la population civile sahraouie du campement de Gdeim Izik a fait "des dizaines de morts, plus de 4500 blessés et de 2000 prisonniers", indique samedi un communiqué du ministère sahraoui de l'Information."De peur des représailles, les personnes blessées restent terrées chez elles car elles savent pertinemment que leur sort est scellé une fois parties à l'hôpital pour se faire soigner", précise le communiqué citant le cas du citoyen sahraoui Abdeslam Al Ansari qui, en dépit des précautions prises par sa famille de le dissimuler pour ne pas être repéré par la police marocaine, a succombé à ses blessures une fois arrivé à Agadir. "Ce cas n'est pas isolé. Plusieurs blessés graves n'ont pas pu recevoir des soins. Des témoins oculaires ont compté des dizaines de corps qui jonchaient le sol aux alentours du campement de Gdeim Izik et dans la partie est de la ville d'El-Ayoun, et le nombre de disparus se compte par centaines", ajoute le communiqué relevant que le bouclage du territoire sahraoui par le Maroc rend l'accès "quasiment impossible" aux médias et aux observateurs internationaux, ce qui fait que les décomptes sont "extrêmement difficiles" à effectuer. "Des sources font état de plus de 2000 personnes emprisonnées et d'autres ont été libérées après avoir été sauvagement torturées", dénonce le ministère sahraoui qui précise que les centres de détention sont situés au "Carcel negra", au quartier général de la police, au dépôt des forces auxiliaires, à "Lehcheicha" à l'est de la ville d'El-Ayoun, au collège Allal-Ben-Abdallah, aux centres sportifs d'El-Ayoun et celui situé à 25 km d'El-Ayoun. "L'armée, les forces auxiliaires et les unités de police continuent d'attaquer les citoyens sahraouis, procédant à des arrestations et kidnappant des jeunes, surtout dans les quartiers de Skeikima, Boucraâ et Mattalla. Dans les quartiers de l'est de la ville, comme Raha, Douerat, le saccage des maisons continue", ajoute le communiqué. "La ville occupée de Smara est, depuis jeudi, le théâtre de violentes manifestations organisées par des jeunes étudiants en solidarité avec les citoyens sahraouis d'El-Ayoun. La police marocaine les a dispersés avec une violence inouïe et procédé à la fermeture, jusqu'à nouvel ordre, des établissements scolaires", conclut le communiqué.Aussi, le Maroc a expulsé samedi quatre ressortissants étrangers d'El-Ayoun, capitale occupée du Sahara occidental. Il s'agit de Javier Sopina Arias, Garcia Diaz Silvia et Terreza Rebollo Isabelle (de nationalité espagnole) et Antonio Velasquez (de nationalité mexicaine), selon un communiqué du ministère marocain de l'Intérieur. Ces ressortissants étrangers ont été expulsés pour leur soutien à la cause sahraouie. Le militant mexicain des droits de l'homme, Antonio Velasquez, présent à El-Ayoun occupée la veille de l'attaque des forces marocaines d'occupation, avait témoigné au journal espagnol ABC que des dizaines de colons marocains et des policiers en civil s'étaient installés au camp de Gdeim Izik pour "provoquer et justifier" l'intervention des forces armées et incendier les kheïmas abritant plus de 20.000 Sahraouis. Le militant mexicain, cité par le journal espagnol ABC qui l'avait joint par téléphone, avait alerté que "la situation était grave".L'agression des forces d'occupation marocaines contre le "camp de la liberté" sahraoui continue de susciter la condamnation de la communauté internationale traduite, notamment, par l'organisation de rassemblements et de manifestations dans différentes capitales mondiales en signe de solidarité avec le peuple sahraoui. A Madrid, plusieurs milliers de personnes ont exprimé leur condamnation de l'attaque meurtrière perpétrée lundi par les forces marocaines contre le campement sahraoui. La capitale anglaise, Londres, a également connu une manifestation devant l'ambassade du Maroc où les participants, arborant le drapeau sahraoui, ont scandé à vives voix des slogans réclamant l'indépendance et l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. Paris a connu également un rassemblement de soutien au peuple sahraoui dans sa lutte pour l'autodétermination. La manifestation a été organisée à la Place de la fontaine des Innocents à Paris à l'appel d'associations, partis politiques et syndicats français. Les manifestations de solidarité avec le peuple sahraoui gagnent de plus en plus en intensité à travers toute l'Europe avec un autre rassemblement dimanche à Florence en Italie. Le parti des Verts suisse a, de son côté, demandé au Conseil fédéral d'intervenir au "plus vite" auprès du Maroc pour que cesse la violence des forces marocaines d'occupation contre le peuple sahraoui en lutte pacifique pour son droit à l'autodétermination. L'eurodéputé espagnol Willy Meyer a, pour sa part, dénoncé la position du Maroc qui "veut imposer sa loi" au Sahara occidental sur la base d'une "politique répressive" et "sans témoins". Ce parlementaire, qui vient d'être refoulé du Sahara occidental par les forces marocaines d'occupation, a souligné que le Maroc veut établir sa souveraineté sur le Sahara occidental sans prendre en compte la résolution de l'ONU consacrant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.Notons enfin qu'une pétition pour la mise en œuvre d'une enquête internationale sur les événements qui se déroulent depuis le 8 novembre à El-Ayoun occupée suite à l'assaut des forces de l'ordre marocaines contre le campement de civils sahraouis de Gdeym Izik a été lancée par des associations solidaires avec le peuple sahraoui et 60 organisations membres du comité international du Forum social mondial. Dans ce document, destiné aux gouvernements marocain et français, à l'Union européenne, à l'ONU, au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, à la Minurso et à l'Union africaine, les signataires exigent que cette enquête se penche sur le "sort des personnes disparues et les conditions de décès de celles retrouvées mortes" suite à l'attaque marocaine. Ils demandent aussi "la fin immédiate de toute répression de la population sahraouie dans toutes les villes du Sahara occidental occupé ainsi que dans toutes les villes du sud du Maroc où vit la population sahraouie, et le retrait des forces armées d'occupation". Afin de récolter le maximum d'adhésion à l'appel, ses initiateurs, parmi les amis de la RASD notamment, ont précisé les adresses des cinq destinataires et offert le choix de signer en ligne sur trois sites complémentaires: http://sahararights.net/ http:petitions24.net/sahara_occidental_droit_delhomme (repris par l'appel de Manu CHAO: http://www.manuchao.net/news/sahara-urgent.fr/index.php http://www.jesigne.fr/halte-a-la-repression-sanglante-au-sahara-occidental. Ils ont signalé que d'autres sites sont à venir pour faire mobiliser le plus grand nombre de personnes et d'association.