Le roi du raï, l'Algérien Cheb Khaled, a appelé mardi à Dakar à une prise de conscience africaine pour préserver le riche patrimoine culturel du continent qui "constitue, a-t-il affirmé, le creuset" de la création artistique universelle. "Les souffrances des peuples africains ont inspiré plusieurs genres de musique développés au fil des temps par des artistes noirs. C'est un patrimoine qu'il faut préserver pour témoigner de l'apport de l'Afrique à la culture du monde", a soutenu le chanteur Khaled Hadj Brahim, dan une déclaration à l'APS. Rencontré avant son concert prévu, mardi soir, dans la capitale sénégalaise pour le Festival mondial des arts nègres, Khaled s'est dit convaincu que "l'Afrique dispose d'une grande richesse culturelle, ce qui fait d'elle "un continent-musée" ouvert au monde". La star du raï algérien, qui a eu à introduire dans ses chansons divers genres musicaux et partager la scène avec des artistes d'Afrique et de la diaspora noire à travers le monde, a mis un accent particulier sur l'importance de "bien prendre en charge l'héritage culturel et artistique de l'Afrique". Rappelant que la traite négrière reste, entre autres, liée à l'Ile de Gorée, située au large de Dakar, d'où on envoyait les enfants de l'Afrique comme esclaves pour le continent américain, le roi du raï s'est félicité de l'utilisation du concept "arts nègres" à l'occasion de festival qui se déroule au Sénégal. Les deux premières éditions de cette manifestation se sont tenues respectivement en 1966 au Sénégal et 1977 au Nigeria. rappelle-t-on. Aux yeux de l'auteur d'une multitude d'albums produit à travers une riche et longue carrière, il s'agit-là d'une "avancée respectable" visant à donner à la culture africaine le mérite qui lui revient. "Il ne faut pas avoir honte de sa couleur de peau. Les Africains ont énormément contribué à la diversité culturelle de l'humanité. Je trouve très beau le fait d'avoir appelé cet événement "Festival mondial des arts nègres", a confié l'artiste au teint naturellement brun. Honoré de se produire en Afrique Pour Khaled, l'histoire devrait servir à "éclairer le présent et perpétuer le patrimoine" inscrit en lettres de noblesse dans les répertoires et les registres de l'art universel, d'où l'importance d'évoquer, sous un angle positif, "la mémoire douloureuse des années d'exploitation de l'homme noir". "L'art a été le moyen privilégié pour exprimer les souffrances et les dures épreuves que les populations noires subissaient sous l'ère marquée par l'exploitation de l'homme par l'homme. La musique a toujours véhiculé ce que l'être humain ressentait", a rappelé Khaled qui s'est dit, en outre, "honoré" de se produire en Afrique. Faisant remarquer, dans ce contexte, que l'art et la musique "réduisent les distances et permettent de voyager pour aller à la rencontre de son public", l'artiste à la voix magique et envoûtante, revendique haut et fort son "africanité". "ça m'honore de me produire en Afrique, Je suis un enfant de ce continent. ça m'enchante de me retrouver au Sénégal qui n'est pas, géographiquement, loin de mon pays, l'Algérie. Vous voyez, la musique réduit les distances, elle nous permet de voyager, voir du monde et aller à la rencontre de notre public pour lui faire plaisir". C'est le message adressé par Khaled à tous les mélomanes et les amoureux du raï qui auront sans aucun doute droit à un plateau varié. Car le chanteur s'adapte toujours aux sollicitations de son public. "Le raï, c'est la fête. Je vais entonner tout ce que je chante partout ailleurs. Même si, une fois sur scène, on a un planning à respecter, nous nous adaptons avec le public", a conclu Khaled Hadj Brahim, le chanteur à l'éternel sourire.