Le camp du président élu de la Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara a durci le ton contre son rival Laurent Gbagbo, en appelant la communauté internationale à l'usage de la force pour écarter le président sortant du pouvoir, et réclamant une mission de justice internationale pour "établir les responsabilités". L'intransigeance et le refus de Gbagbo de se soumettre aux croissantes pressions internationales, ont poussé son rival Ouattara à recourir au Conseil de sécurité de l'ONU, à l'Union européenne (UE), à l'Union africaine (UA) et à l'organisation régionale ouest-africaine (Cédéao) les appelant à utiliser la force pour écarter le président sortant du pouvoir. Les pressions internationales et les sanctions n'ont pas eu d'effet sur M. Gbagbo, "il est évident qu'il n'y a qu'une solution qui reste, celle de la force", a déclaré le Premier ministre de Ouattara, Guillaume Soro, chef des Forces nouvelles (FN ex-rébellion). "Je demande au Conseil de sécurité de l'ONU, à l'UE, à l'UA et à la Cédéao d'envisager la force", a ajouté M. Soro, qui a appelé également jeudi la communauté internationale à envoyer une mission de la Cour pénale internationale (CPI) en Côte d'Ivoire pour établir les responsabilités vis-à-vis de la détérioration de la situation dans le pays. "Nous attendons que la CPI puisse envoyer une mission" dans le pays pour "établir la responsabilité des uns et des autres et que tous ceux qui sont impliqués d'une manière ou d'une autre soient transférés à La Haye", a-t-il dit. Mercredi, Laurent Gbagbo a réaffirmé, quant à lui, qu'il "résistait" aux pressions internationales lui demandant de céder le pouvoir à Ouattara, évoquant une "lutte indispensable pour libérer l'Afrique"."Nous sommes forts, nous résistons, nous sommes courageux", a réitéré mercredi M. Gbagbo. Les déclarations de ce dernier attisent plus la tension dans le pays et continuent de susciter des inquiétudes internationales du fait du risque majeur d'une guerre civile en Côte d'Ivoire, qui s'est retrouvée avec deux "présidents proclamés" et deux gouvernements différents au lendemain du second tour de l'élection présidentielle du 28 novembre dernier. "Tous les ingrédients d'une guerre civile sont réunis", selon M. Soro. "Nous sommes face à une folie meurtrière et il n'est pas exclu que ce régime (...) devienne de plus en plus violent et suive la voie suicidaire", a-t-il dit. La tension née de la crise post-électorale en Côte d'Ivoire a fait 173 morts, alors que 471 autres personnes ont été arrêtées entre le 16 et le 21 décembre, a indiqué jeudi la Haute commissaire adjointe aux droits de l'homme de l'ONU, Kyung-Wha Kang, se disant "alarmée par les violences occasionnées" par l'élection. En vue d'examiner un projet de résolution dénonçant les "atrocités" commises" en Côte d'Ivoire, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a entamé jeudi une session spéciale consacrée à la critique situation dans ce pays. Cette question sera également au centre d'une réunion de la Cédéao prévue vendredi à Abuja. La situation politique en Côte d'Ivoire devient de plus en plus compliquée et continue de soulever les préoccupations de plusieurs pays et organisations mondiales, qui ont d'ailleurs imposé de sévères sanctions à l'encontre de Gbagbo, jugé comme "source du problème". La Cédéao et l'UA, ont suspendu la Côte d'Ivoire en tant que pays membre, alors que de sévères sanctions ont été adoptées par l'UE et l'ONU contre Gbagbo et son entourage. Dans un communiqué publié mercredi à Addis Abeba, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA a affirmé "être informé des derniers développements de la situation en Côte d'Ivoire et de l'évolution des efforts de l'UA" dans ce pays. Quant aux Etats-Unis, ils entreprennent des discussions avec la Cédéao sur une éventuelle augmentation des troupes de l'ONU en Côte d'Ivoire, en proie à l'insécurité provoquée par le climat tendu entre les camps de Gbagbo et de Ouattara.