Depuis quelques jours, les rumeurs évoquant un remaniement ministériel se multiplient en Algérie. Des noms sont avancés pour succéder à Ahmed Ouyahia, à la tête du gouvernement. Celui de Youcef Yousfi, ministre de l'Energie, revient avec insistance. Pourtant, un tel choix signifierait que le remaniement n'a pas été décidé par le président Bouteflika. Le ministre de l'Energie n'est pas réputé proche du chef de l'Etat et n'a pas l'envergure nécessaire pour diriger le gouvernement alors que le front social est en ébullition. En fait, « tout cela n'est que spéculation », explique un connaisseur du sérail. « Ouyahia lui-même ne sait pas s'il sera encore Premier ministre dans quelques heures. Il ne dispose d'aucune visibilité concernant son avenir », ajoute-t-il. Depuis quelques mois, très peu de personnes rencontrent le président. « Ils sont trois ou quatre dont son frère Saïd à le voir régulièrement. Rien ne filtre sur ses intentions ni sur ses projets », ajoute notre source. Résultat, personne ne sait s'il fera un remaniement ni quand. Une chose est sûre : des « émissaires » du président ont multiplié les contacts ces dernières semaines avec de probables candidats aux postes de ministres. Même Ahmed Benbitour, ancien chef du gouvernement, a été contacté. Selon nos sources, les émissaires du chef de l'Etat lui ont proposé de diriger un gouvernement remanié à 95 %, et composé de ministres qu'il pourra lui‐même choisir. Mais M. Benbitour aurait décliné la proposition. Cette situation illustre en réalité les tensions au sommet de l'Etat et posent le problème de la gouvernance en Algérie. Dans les autres pays, le remaniement est précédé d'une préparation de l'opinion à travers des informations savamment distillées par les proches du président. En Algérie, cet événement est géré par la rumeur qu'aucun officiel ne prend le soin de démentir.