Remaniement ou changement du gouvernement. La rumeur a déjà fait le tour du pays depuis une semaine. Les responsables des partis politiques, les médias et les citoyens ont les yeux braqués sur le palais d'El Mouradia dans l'attente d'une «annonce importante» qui n'arrive toujours pas. La vox populi a déjà fait et défait l'Exécutif. «Elle donne Ahmed Ouyahia partant, il sera remplacé par le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi. Le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, sera nommé ministre de l'Intérieur…» Il n'en est rien. L'équipe de Ahmed Ouyahia est toujours en place. La majorité des membres du gouvernement a fait le déplacement, hier, au Sénat et à l'APN pour assister à l'habituelle cérémonie de clôture de la session d'automne du Parlement. Cinq ministres ont manqué toutefois à l'appel. Il s'agit de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, du ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, du ministre d'Etat, représentant personnel de Abdelaziz Bouteflika, Abdelaziz Belkhadem, du ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, et du ministre chargé des Relations avec le Parlement, Mahmoud Khoudri. Leur absence est intrigante. Sont-ils concernés par le prochain remaniement gouvernemental ? Ce remaniement aura-t-il lieu ? «Yaâlem Rebi (seul Dieu le sait)», déclare le ministre de la Poste et des technologies de la communication et de l'information, Moussa Benhamadi, en réponse à notre question concernant le remaniement gouvernemental. Embarrassés, les membres du gouvernement perdent la parole à chaque fois que des journalistes abordent le sujet. Motus et bouche cousue. Même la fameuse phrase faisant référence «aux prérogatives du président de la République» à laquelle recourent d'habitude les membres du gouvernement n'est plus utilisée. «Les haricots secs et les lentilles» Premier concerné par la question, Ahmed Ouyahia s'est muré dans un silence assourdissant. Entouré par ses gardes de corps, le Premier ministre était inaccessible. Aucun journaliste n'a pu l'approcher à sa sortie du siège du Conseil de la nation. «Pas de déclarations, ni ici (au Sénat, ndlr) ni là-bas (à l'APN)», déclare-t-il aux journalistes qui insistent pour avoir une déclaration. Il finit par prononcer une phrase quand même. Interrogé sur des informations publiées par certains journaux faisant état de son limogeage par le chef de l'Etat, Ouyahia réplique par une déclaration qui ne clarifie pas la situation : «Lazem tfarqou bin loubia ou laâdès (il faut faire la différence entre les haricots et les lentilles).» Mystère ! Le vice-Premier ministre, Noureddine Yazid Zerhouni, ne fait pas mieux. Ses déclarations mettent une couche supplémentaire sur cette «situation confuse» qui est le résultat de l'absence de communication officielle sur la gestion des institutions. «Place aux jeunes», dit-il aux journalistes qui l'interrogent sur sa probable nomination au poste de Premier ministre. «Même au plus haut sommet de l'Etat ?», rétorque un journaliste. Et à l'ancien ministre de l'Intérieur d'arborer un sourire. Le remaniement du gouvernement est un sujet tabou chez nos ministres. Ils esquivent tous la question. Approché, le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, préfère parler de la pluie qui augmentera le taux de remplissage de ses barrages. «Le remaniement du gouvernement? Je n'en sais rien. Il pleut et je suis heureux, c'est tout», riposte-t-il. Aucun des ministres n'a démenti en tout cas cette rumeur. «Cela reste une rumeur», précise toutefois le ministre du Commerce, Mustapha Benbada.