Les observateurs de la scène politique voient en cette contradiction le prélude d'un éventuel remaniement ministériel. L'état d'urgence sera enfin levé. Le président de la République l'a décidé. Lors du Conseil des ministres tenu jeudi dernier, il a promis de faire sauter le verrou de l'état d'urgence dans un proche avenir. «La levée de l'état d'urgence interviendra dans un très proche avenir», a-t-il précisé en réponse à la demande de la société civile et de l'opposition en particulier. En guise d'assurance, le chef de l'Etat a chargé le gouvernement d'élaborer les textes législatifs préparant son abrogation. «Aussi, pour mettre un terme à toute polémique infondée sur cette question, je charge le gouvernement de s'atteler, sans délai, à l'élaboration de textes appropriés qui permettront à l'Etat de poursuivre la lutte antiterroriste jusqu'à son aboutissement, avec la même efficacité et toujours dans le cadre de la loi», s'engage le président. Cette décision intervient à peine vingt heures après la déclaration du vice-Premier ministre, Noureddine Yazid Zerhouni qui, interrogé sur le sujet, en marge de la clôture de la session parlementaire d'automne, a été catégorique. «Nous n'allons pas lever l'état d'urgence», a-t-il tranché sur un ton décisif. Le vice-Premier ministre a crié à qui veut l'entendre que cette décision est toujours en vigueur. Son successeur à la tête du département de l'intérieur a toujours éludé la question en précisant que cette question est du ressort du gouvernement. «C'est une question qui relève des prérogatives du gouvernement et non du ministre de l'Intérieur», a-t-il affirmé dans un entretien accordé à un confrère. Même les partis siégeant au sein du gouvernement, à savoir le FLN et le RND, n'étaient pas en faveur de la levée de cette mesure. Contrairement à leur partenaire du MSP qui a plaidé pour sa levée. S'inscrivant dans la ligne du gouvernement, les partis majoritaires se sont opposés à toutes les démarches initiées par l'opposition. Or, dans sa dernière sortie jeudi, le président de la République a pris de court tout le monde. Ces contradictions sur un dossier sensible donnent sérieusement à réfléchir. Les observateurs de la scène politique voient en cette confusion le prélude d'un éventuel changement au sein de l'équipe Ouyahia. Pour eux, cette contradiction est un signe qui ne trompe pas sur ce qui se prépare au niveau supérieur de la hiérarchie. Selon des sources proches, le chef de l'Etat est en train de confectionner la nouvelle liste des membres de l'Exécutif. Nul n'ignore qu'une vive polémique a été déclenchée ces derniers jours faisant état d'un changement du gouvernement. La rumeur a été si persistante cette fois-ci qu'elle a donné l'actuel ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi comme Premier ministre et Abdelmalek Sellal au poste de ministre de l'Intérieur. Mais rien de cela n'a été confirmé. Le sujet qui fait rage dans les coulisses ne laisse rien transparaître. Ce qui est sûr c'est que le remaniement ministériel est inévitable surtout avec l'ébullition de la rue. De sources proches du dossier indiquent que le locataire d'El-Mouradia ne veut pas faire les choses dans la précipitation ni sous la pression. La même source ajoute que ce remaniement interviendrait, probablement, au plus tard, le mois de mars prochain. Un autre élément de taille conforte cette donne. Il s'agit du paquet de mesures prises par le chef de l'Etat lors de la réunion de jeudi. Avec ces importantes décisions, le chef de l'Etat ne compte-t-il pas donner un nouveau souffle à l'Exécutif? Sachant que l'équipe Ouyahia n'a pas été à la hauteur dans la gestion des dossiers de l'heure, celle-ci sera certainement appelée à rendre le tablier. Serait-ce un départ collectif? Certaines sources avancent des modifications importantes. Beaucoup de ministres sont sur la sellette.