par Aissa Laabed// De nos temps, le silence est complice voire le silence tue à petit feu. Ecrire ou parler d'une institution créée et gérée durant presque une génération, c'est faire sortir des mots brûlants de ses tripes. Certes, il n'est pas aisée par décence de descendre aussi bas pour aller creuser une tombe déjà occupée par de la vermine, se taire n'arrange guère les choses lorsqu'on voit et on assiste à une destruction massive et générale de tout ce que nous avons bâti pendant vingt deux ans avec tous les sacrifices engendrés pendant les années de braises où le terrorisme atteignait son optimum dans une région meurtrie . Créer ,et asseoir une véritable gestion de la protection de la nature dans une région bénie par Dieu, mais dont la population reste insouciante relèverait du domaine de l'impossible. Et pourtant nous l'avons fait, on a même relevé le défi. Belezma était la Mecque des parcs nationaux de l'Algérie (voir les différents articles de presse).Que reste-t-il de la démarche et des petites stratégies intelligentes développées ici et là pour maintenir les populations sur les sites montagneux tout en respectant les écosystèmes ? Aujourd'hui, on continue à exiger des actions incompatibles avec la nature, telle que l'ouverture d'une quatrième voie d'accès (Ali N'meur-Batna via la réserve intégrale ou la zone centrale de Theniet-el-Gontos) . D'après les gens qui sont derrière cette doléance on peut joindre Batna par beau temps dans une demie heure en traversant une zone potentiellement touristique.Bien malin qui le ferait en hiver si la neige d'antan revenait. Ce qui quant même est vraie en partie,mais ce que l'on oublie,c'est que tout cela se ferait au détriment de la nature déjà fragilisée par les tendances naturelles et les pressions humaines et animales. Il existe bien d'autres axes qu'il suffit d'élargir, d'aménager et d'équiper, allusion faite à la route Merouana –Batna via Hidoussa,à celle du col de Telmet en passant par Oued-el-ma,celle de Oued el ma –Seriana est excellente dans tous les domaines.Ces dessertes traversant des sites panoramiques inédits ne demandent qu'à être réaménagé. Pourquoi, ouvrir une autre route qui détériorerait une aire protégée déjà affaibli par le dépérissement du cèdre,la disparition des espèces animales et végétales. Réaliser cet accès, c'est bafouer la réglementation internationale et nationale en matière de protection de la nature. Et pourtant.................... on mêle le tourisme qui « se cherche » dans l'édification de cet ouvrage. Faire du tourisme de découverte et durable, c'est justement veiller à protéger ces espaces naturels fragiles, uniques qui sont des zones d'exclusion, en vue de leur utilisation rationnelle et judicieuse dans le futur. Pour préserver cet endroit féérique , sensibiliser et convaincre les gens qui veulent que cette voie soit ouverte, il suffit de demander une étude d'impact sur les écosystèmes comme le prévoit la loi de l'environnement. Cédraie humide de Bordjem : 1990 Cèdre tabulaire au col de Telmet : 1990 QUE PREVOIT LA LOI DANS CE CONTEXTE ? La loi n° 11-02 du 14 Rabie El Aouel 1432 correspondant au 17 février 2011 relative aux aires protégées dans le cadre du développement durable est très claire dans la définition d'un parc national ; Art. 5. Le parc national est un espace naturel d'intérêt national institué dans le but de protéger l'intégrité d'un ou de plusieurs écosystèmes, il a pour objectif d'assurer la conservation et la protection de régions naturelles uniques, en raison de leur diversité biologique, tout en les rendant accessibles au public à des fins d'éducation et de récréation. Comme elle stipule aussi avec précision ; Art. 6. Le parc naturel est un espace visant à assurer la préservation, la protection et la gestion durable de milieux naturels, de la faune, de la flore, d'écosystèmes et de paysages représentatifs et/ou significatifs d'une région. STRUCTURE DES PARCS NATIONAUX. D'après l'article 15 les parcs nationaux sont structurés en trois zones : Zone centrale : zone qui recèle des ressources uniques. Seules les activités liées à la recherche scientifique y sont autorisées. Zone tampon : zone qui entoure ou jouxte la zone centrale et est utilisée pour des pratiques écologiquement viables, y compris l'éducation environnementale, les loisirs, l'écotourisme et la recherche appliquée et fondamentale. Elle est ouverte au public pour des visites guidées de découverte de la nature. Aucune modification ou action susceptible de provoquer des altérations aux équilibres en place n'y est permise. Zone de transition : zone qui entoure la zone tampon, elle protège les deux premières zones et sert de lieu à toutes les actions d'écodéveloppement de la zone concernée. Les activités de récréation, de détente, de loisirs et de tourisme y sont autorisées. La route qu'on veut ouvrir traverserait et porterait un coup fatal à un écosystème fragile et braderait l'unique patrimonialité de l'aire protégée raison de son existence. QUE CONTIENT JUSTEMENT CETTE RESERVE INTEGRALE DE THENIET-EL-GONTOS ? Conformément au décret N° 83.459 du 23/07/1983 portant statut- type des Parcs nationaux et l'arrêté ministériel n° 356/S.P.M/D.P.P.F/ 88 du 04/07/1988 fixant le zoning et les conditions d'intervention dans le Parc conformément au schéma- directeur d'aménagement, le parc national est structuré en cinq (05) classes. Actuellement la loi n°11-02 relative aux aires protégées dans le cadre du développement durable ramène le zonage du parc national à trois zones comme indiqué ci-dessus. La réserve intégrale étant remplacée par la zone centrale. Cette classification répartit la superficie du parc National en zones de façon à allier le rôle fondamental de la protection de la nature avec la fonction de loisirs, d'animation et de développement. LA RESERVE CENTRALE DU PARC NATIONAL DE BELEZMA. En attendant qu'une nouvelle étude de révision de la répartition des superficies occupées par ces trois zones ne soit réalisée, nous nous limitons au contenu de l'arrêté ministériel ci-dessus cité pour mettre en valeur les richesses patrimoniales de cette zone où l'on s'acharne à ouvrir la route de Oum R'kha. La réserve intégrale de theniet el gontos 1990 « La classe une (01) dite ” zone de réserve intégrale” occupe une superficie de 227,50 Ha (réserve de Theniet-el-gontos=141,5 ha et Tichaou= 86 ha) et renferme des ressources naturelles particulières et uniques, notamment un peuplement exceptionnel de cèdre, un peuplement de houx (Ilex aquifolium), de chèvrefeuille étrusque ( Lonicera estruca), de chèvrefeuille arboré (Lonicera arborea ) et quelques orchidées. Quelques mammifères y trouvent refuge, les plus remarquables sont : Sanglier, Chacal, Renard, Chat sauvage, Genette... ». ilex aquifolium réserve intégrale de theniet el gontas 1990 UNE ALTERNATIVE POUR SAUVER LE PARC NATIONAL. La région du Belezma renferme des richesses inouïes dans tous les domaines pour une promotion certaine du tourisme respectueux de la nature. Pour justement concilier ces concepts et mettre fin aux conflits de préservation de la nature et les besoins des populations locales, n'est-il pas temps de penser à trouver une alternative de juste milieu en proposant une étude d'installation d'un téléphérique Hamla-Col de Telmet-Oued-el-ma qui permettrait de joindre l'utile à l'agréable en se débarrassant de cet accroc de route gênante. Le téléphérique est plus que nécessaire pour la promotion de cette région et sa valorisation surtout avec la construction de la nouvelle ville de Hamla où une concentration d'une densité importante de population est à la recherche d'une oxygénation qu'elle ne trouvera que dans les sites avoisinants jouxtant l'aire protégée ou l'aire protégée elle-même. Ce moyen éviterait aussi la forte fréquence de la circulation automobile avec ses effets néfastes sur la nature (pollution et nuisance automobile, destruction des habitats, écosystèmes, décolonisation de la faune....ect...). Une autre branche en télésièges pourrait être construite vers le pic des cèdres à partir du village touristique de Hamla.Ce point communément connu culminant à 2010 m d'altitude surplombe la ville de Batna avec des vues splendides et imprenables. Ces équipements préserveraient les écosystèmes fragiles et feraient décoller le tourisme. LA CONCERTATION SCIENTIFIQUE. Un séminaire international sur le cèdre de l'Atlas est en train de se préparer sérieusement par l'université El-Hadj Lakhdar de Batna, ce dernier drainera beaucoup de scientifiques venant de diverses régions du monde.Cette heureuse initiative est à mettre sur le compte du docteur en foresterie Abdellah Bentouati qui a besoin d'une assistance matérielle pour organiser cette manifestation. Le cèdre est un arbre qui a toujours fait partie du décor de nos paysages montagneux depuis des millinaires,il est en régression certes, la concertation entre les scientifiques et les gestionnaires est plus que souhaitée pour trouver des remèdes appropriés pour assurer la pérennité de cette espèce. Pour ce faire le concours de tout le monde est indispensable.Pourrions-nous compter sur les sponsors ? Jusqu'ici cette pratique fait défaut dans la culture locale.Le cèdre est l'arbre fétiche que la Fasac a choisi pour réaliser son plan vert de 1.500.000 arbres.