// Le festival de Timgad a été beaucoup évoqué sur ses différents aspects : programme, organisation, relance......en d'autres termes sur le comment ? Le plus intéressant cependant reste le pourquoi ? Si en 1997, à l'époque de M. DJEBBARI MED CHERIF,le défi étant connu de tout un chacun,conjoncture du pays oblige, en 1967-soit trente ans auparavant- qu'en était –il au juste ? Qui mieux que l'initiateur pouvait en parler et surtout justifier les vraies motivations ayant conduit à l'instauration du « festival international » ? En l'occurrence M. MADOUI ABDELAZIZ, qui venait justement d'être désigné à Batna comme secrétaire général de la wilaya des Aurès. Ce dernier, pour la première fois et en exclusivité à « BATNA -INFOS », nous a reçu chez lui pour « discuter » de la création de ce festival qui a fait couler beaucoup d'encre. Flash – back : avril 1967 ,M. MADOUI ABDELAZIZ venait d'arriver à la wilaya des Aurès en provenance de la wilaya des Oasis ,il avait été instruit à l'époque par les plus hautes instances du pays pour redresser la situation qui était jugée plus ou moins « délicate » ;ceci dit il serait intéressant de noter qu'à cette époque il était inconcevable de nommer un haut cadre à moins de 200 Km du lieu d'où il était issu,et justement M. MADOUI était de Batna et toute sa famille y vivait . M. MEDEGHRI ,ministre de l'intérieur sur ordre du président HOUARI BOUMEDIENE, lui avait signifié sa mission en tant que fils de la région d'établir un constat,vu que les gens s'y voyaient désarmés « dans une wilaya pauvre et abandonnée ». Ce qui allait apparaître clairement dans le rapport établi deux ans après l'exécution du programme spécial Aurès, de manière crue lu devant les membres du conseil de la révolution . Ledit programme spécial venait suite aux conclusions prises lors du conseil des ministres de février 1968, après une séance qui a duré 10 heures. Il fallait doter les wilayas d'infrastructures de base quitte à même de les rendre aptes au développement. Faut – il souligner la très étonnante démobilisation des masses dans cette wilaya des Aurès qui n'existait réellement que « sur papier » : elle dépendait toujours du département de » Constantine. Ses potentialités étaient totalement inconnues, ses cadres perdus... « Quelles étaient les possibilités qui s'offrent afin de les exploiter pour permettre un décollage économique ? »,telle était la question lancinante qui hantait M. ABDELAZIZ MADOUI. Wilaya pauvre ? C'était totalement faux !c'était l'homme qu'il fallait faire bouger. La grande aventure ne faisait que commencer : des virées dans les contrées lointaines du grand Aurès, les différents départements, où les élus fraîchement issus des premières communales de 1967 ( entre 1962 et 1967 il existait des délégations spéciales qui géraient ce qui deviendra après les APC) .Des contacts ,lors de ces tournées de travail,sont établis aux fins de faire comprendre aux gens de réagir vrai et le dire clairement aux autorités qui avaient à charge de voir la faisabilité par la suite. Le technique d'abord et l'économique après. On en est arrivé aux conclusions suivantes : il fallait trouver une potentialité qui permettrait le déclic .Le temps des lamentations sur le sort de ces gens qui se croyaient pauvres était banni. L'équipe de M. MADOUI ABDELAZIZ avait entamé ses recherches en présence de M. MEDEGHRI en 1967 dans la salle de délibération de la mairie de Batna (LA wilaya des Aurès n'avait pas de salle de réunion, et encore moins une préfecture digne du nom !).Il fallait désenclaver et la région et les mentalités. Les réémetteurs de la télévision sont montés et orientés à dos d'hommes sur les toits des....bâtiments des allées Ben Boulaid, ceux près de la gare parce qu'ils étaient les plus hauts à Batna .La télévision était arrivée à Batna. Le premier trésorier de la wilaya des Aurès, M.LAKHAL AYAT, venait aussi d'être installé dans les locaux de l'ancien commerçant français Allouche. Un beau jour, la providence mit son grain de sable dans l'histoire pour que M. MADOUI découvre, après moult recherches, qu'une journée théâtrale était organisée à Timgad et les initiateurs avait à leur tête un intellectuel accompli en la personne de M. FASLA alors inspecteur de l'académie de Batna (l'équivalent de directeur de l'éducation aujourd'hui. NDLR) et un certain GUEDJ avocat réputé. Ces derniers utilisaient les phares des voitures pour éclairer la scène !!!! « J'ai sauté sur l'occasion pour exploiter l'idée ! »Nous dira M. MADOUI ABDELAZIZ. Et l'idée même du festival commençait à germer :tel que pensé il ne devait pas être pour amuser les gens. C'était beaucoup plus stratégique de par l'objectif qu'il se devait d'atteindre :créer un tourisme culturel à exploiter économiquement de par un mouvement à travers la wilaya,comme on a voulu crée un centre de thalassothérapie à Biskra ,...et pourquoi pas diversifier les manifestations à travers le pays. Une association présidée par feu le docteur HAMDIKEN vit le jour sous l'appellation « les amis du festival de Timgad ».Il y avait un groupe de visionnaires tel que MM. HIMEUR EL HACHEMI, MAHMOUD BENHASSINE, SALAH DAHMANE, HOUARA MOHAMED.......cette cellule était bien entendu sous la houlette de M. MADOUI. De mémoire des noms reviennent :HAMID MEZIANE,MERZOUKI SAID,BENDIHA ABDERAHMANE......... On était au tout début d'une épopée, d'ailleurs le festival changea de nom plusieurs fois : international, méditerranéen, arts populaires. Une nouvelle dynamique est enclenchée dès lors,le remonte pente de Mahmel est réalisé pour permettre aux touristes éventuels , ( Et ils étaient d'ailleurs fort nombreux),de pratiquer le ski. Le projet du festival fut, donc, centralisé au niveau d'un certain DE PESQUIDOUX détenteur de deux doctorats en sciences économiques et en sciences politiques. Celui-ci s'entoura de MM. BONAL ET RUIZ. L'objectif assigné à ces messieurs étant que ledit festival devait obligatoirement avoir des répercussions sur le tourisme de la région ,et ce qui finira justement par relever l'insuffisance des structures d'accueil. On opta aussi pour la découverte des Aurès par les visiteurs de Timgad (voir l'article de M. MERZOUKI SAID déjà paru in « les cahiers de la culture » n°4 -2007-,revue éditée par la direction de la culture de la wilaya de Batna). Aidés par M. KERAMANE PDG de SONELGAZ via son directeur AZZEDINE MAZRI (en collaboration avec électricité de France) les désormais organisateurs du festival de Timgad montèrent un spectacle de toute beauté, ce qui permis à l'époque –tenez vous bien –de classer le festival de TIMGAD en quatrième position mondiale –vous avez bien lu- après celui de VERSAILLES, BAALBEK, L'EGYPTE, baptisé « SONS ET LUMIERES ». Ce dernier consistait en une promenade dans le site, sous le titre évocateur inspiré de l'arabe « braise sous la cendre », on racontait Timgad plutôt l'ALGERIE.. L'histoire était dite et les lumières étincelaient sur le site en scintillant de toutes leurs splendeurs rendant Timgad haut lieu de jouvence avec un bruitage (effets spéciaux) minuté par rapport à l'avancement dans la déclamation de l'histoire . Une fois arrivés à l'arc de Trajan,un feu énorme se déclarait ce qui insinuait le 1 NOVEMBRE 1954. C'était grandiose !!!!! Faut –il préciser que le festival se tenait au mois de Mars (vacances scolaires),les internats étaient réquisitionnés pour les touristes qui venaient . L'hôtel « chelia » fut dans cette optique inscrit d'abord à Timgad, et sur conseil de M. ABDESLAM MAOUI ministre du tourisme à l'époque on l'édifia à Batna rentabilité oblige. Les objectifs commençaient à dessiner un début de succès : les gens bougeaient et reprenaient confiance. Les ministères de l'intérieur,de la culture ,du tourisme ont été impliqué par le staff de la wilaya des Aurès, et par extrapolation les ambassades via leurs attachés culturels ,et les troupes affluaient vers Timgad pour faire connaître leur culture.....gratuitement ! ( En 1968 la présidence avait alloué une subvention au festival de ...120.000 DA !). Cependant les mauvaises langues -comme c'est le cas aujourd'hui- ont voulu porter atteinte au festival ce qui était apparent à travers les écrits d'une journaliste ZHOR ZERRARI. Cette dernière en attaquant les organisateurs et le festival en se posant des questions sur le « pourquoi d'un festival à TIMGAD ? », reçut la réponse aussi extraordinaire que lourde de sens de la part de M. BENHASSINE sous le titre : réponse à la mouche « tZé – tZé » (en référence aux Z, initiales de ladite journaliste).Il lui a fait comprendre entre autre qu'ils (les organisateurs) voulaient faire sortir non seulement la région d'un marasme certain,mais tout le pays. Un autre événement de taille, rapporté à l'époque à la une par le journal le monde (la presse algérienne n'était pas aussi développée comme aujourd'hui il y avait AN-NASR paraissant à Constantine et dont le correspondant était M. BENDIHA ABDERAHMANE), avait fait sensation grâce à la vision novatrice des responsables de l'époque qui avaient obtenu le feu vert du wali M. OUAGOUAG .Ce dernier avait laissé le champ libre à M. ABDELAZIZ MADOUI. Pour en revenir à l'événement proprement dit, un avion à son bord, ducs et duchesses voire toute la jet-set de France fut ramené exceptionnellement pour Timgad. Prestige et Marketing étaient de la partie, parce qu'il y avait un POURQUOI !!! A la même époque et sur la lancée, on instaura le « challenge des Aurès ».Un autre projet, le lycée Ben Boulaid, non inscrit dans le programme spécial fut entamé. Pour l'anecdote en 1967 la wilaya des Aurès était considérée comme une wilaya qui consommait le moins de crédit alloué et qui réalisait aussi le moins de programmes ! Timgad permit le lancement de l'artisanat, entre bijoux, tapis de BABAR primé au Canada,...les arts plastiques par voie d'expositions et de ABDOU TAMINE étaient présents. Les aspects culturels et économiques s'entremêlèrent. Le premier livre sur Timgad post indépendance « VISITE A TIMGAD »fut édité en 1969 par le ministère de l'éducation nationale, direction des affaires culturelles. Il a été écrit par JEAN LASSUS. Il a fallu attendre 1997 pour qu'il y ait un premier dépliant réalisé par M. ALI GUERBABI, et en 1998 ,2002 et 2007 la FASAC prenait le relais à travers des réalisations de toutes beautés. Les contours d'un festival digne du nom se dessinaient, ce qui n'était pas un acte isolé .Il faisait partie d'un ensemble réfléchi et bien calculé pour faire décoller l'aspect économique, une dynamique génératrice d'emploi. M. MADOUI quitta Batna en 1971.Il pouvait être satisfait de son bilan, il fut élevé au grade de wali, en laissant 13 centres électrifiés (de 1962 à 1967 il n'y avait que 2),une ligne de haute tension est réalisée entre Batna et Biskra,deux unités de conditionnement de dattes à Biskra,deux autres usines à Batna dont la tannerie,les mines d'Ichemoul (qui à l'époque coloniale étaient exploitées par R.MEYER qui deviendra premier ministre de France) sont remises en exploitation,des unités artisanales ont vu le jour ,hôtel à Biskra, station thermale aussi,une station d'intérêt à Kasrou,étude de la station thermale de Khenchela .EN 1986,on assassina le festival de Timgad. Il a fallu attendre la venue d'un autre « battant » pour le ressusciter : MED CHERIF DJEBBARI. M. MADOUI ABDELAZIZ après avoir occupé de hautes fonctions est aujourd'hui un paisible citoyen en retraite, notable de la ville très respecté par tout le monde, consacre son temps néanmoins à l'association de la mosquée du 1 Novembre.