Que l'ONCI, l'organisme de sous-traîtance «officiel» détenant et exerçant un monopole de fait dans une économie dite de liberté du marché, le ministère de la Culture et la wilaya de Batna font durer ou plutôt assurer une survie à cette manifestation d'envergure, cela ne peut être qu'à leur avantage dans un pays où la politique fabrique les festivals rien que pour récolter des satisfecits à défaut de résultats probants. En revanche, que l'on découvre que Timgad n'est plus un festival mais est devenu un déplacement hors d'Alger de soirées musicales semblables tout ou plus à celles qui se tiennent au Casif » cela est exaspérant et regrettable. Car, dans le fond, l'office national de culture et d'information (ONCI), semble privilégier avec force et entêtement une vulgaire « marchandisation » par le divertissement. Timgad s'éloigne de plus en plus du vrai festival tel qu'il a été connu et tels qu'ils en existent de par le monde. L'ONCI continuant à faire cavalier seul, ne faisant qu'à la tête de ses dirigeants, dans la gestion de ce festival, orphelin depuis de longues années de son vrai festival tel qu'il a été connu et tels qu'ils en existent de par le monde l'ONCI continuant à faire cavalier seul, ne faisant qu'à la tête de ses dirigeants, dans la gestion de ce festival, orphelin depuis de longues années de son vrai « patron», en l'occurrence la défunte Association des amis du festival et des monuments historiques de Batna dont le président émérite fut le docteur Belkacem Hamdiken. Cette association représentait jadis le peuple de Batna et des Aurès dans l'organisation annuelle du festival, un acquis local à portée nationale et internationale. L'ONCI n'étant assistée dans sa mission que par la wilaya, ce qui prouve que ce festival n'est plus qu'une affaire d'Etat dans l'Etat, concocté et piloté par des structures de l'exécutif gouvernemental. De ce fait, personne n'osera exiger des comptes ou des bilans comme cela se pratique dans tous les festivals du monde (Avignon, en France ou Baalbeck au Liban). D'ailleurs, les comptes d'un festival tel celui de Timgad ont toujours été frappés du sceau du «secret d'Etat». Combien dépense-t-on pour ce festival ? Quelles recettes sont engrangées chaque année ? Est-il organisé à perte ou à profit ? Jusqu'à quand continuera-t-on à puiser exclusivement dans les fonds des subventions et des dépenses publiques ? Autant de questionnements qui, nous sommes sûres, resteront sans réponse, comme toujours dans ce pays livré aux seules «humeurs vagabondes». Logiquement, tout festival digne de ce nom doit sa raison d'être aux finalités culturelles et artistiques à atteindre. Pour quelles finalités œuvre justement le festival de Timgad. S'il est considéré dans les hautes sphères du pouvoir comme axe stratégique dans le contexte d'une politique culturelle «bien pensée» du pays ? Il est navrant de relever que le festival de Timgad, s'il fut dans ses premières éditions un événement typiquement culturel et artistique (les coupures de presse de l'époque le démontrent implacablement tels les écrits de Hamidechi Boubekeur, Nordine et Djamel Merdaci (An-Nasr) Abdou Benziane (El-Djeich puis Révolution africaine), Kamel Bendiméred et Balhi Mohamed (Actualité-Algérie), Djemaï Abdelkader et Nordine Khib (la République d'Oran), ce n'en plus aujourd'hui le cas. Le festival n'étant plus qu'une série de soirées musicales dont le but est de divertir et de faire danser. Même les couvertures de presse ont été à l'image de la banalité des spectacles présentés, des rediffusions (du déjà-vu et entendu), les journalistes ramenés d'Alger dans les bagages de l'ONCI et pris en charge et les correspondants de presse de Batna se sont comportés comme s'ils étaient des fonctionnaires de l'ONCI, de véritables moutons de Panurge, s'imposant une obligation de réserve . Aucune compétence n'a été relevée sur le plan de la critique culturelle et artistique, curieusement absente dans les journaux. Autres temps, autres mœurs ! Pourtant, le festival de Timgad ne survivra que si ses programmes futurs seront culturels et que si la formule actuelle sera réanimée et enrichie. Pourquoi pas un retour au théâtre dans le festival dès lors qu'il avait harmonieusement cohabité avec les spectacles de musique et de chorégraphie et avait assuré les succès des premières éditions. Le théâtre de Timgad ne s'est-il pas adapté magiquement aux textes dramaturgiques des genres antiques (Grèce) et classique (universel) ? L'expérience a été concluante : Antigone du Grec Sophocles n'avait-elle pas été jouée au théâtre de Timgad un après-midi orageux et la pluie torrentielle n'avait découragé aucun spectateur. Bien entendu, le public était bien préparé grâce à la qualité de l'enseignement public : la mythologie grecque avait bel et bien été enseignée auparavant au lycée Benboulaïd de Batna et dans les autres lycées du pays. Lahdar Benturki, directeur de l'ONCI, dans sa conférence de presse tenue la veille de la 31e édition, a écarté toute idée de retour aux formules du passé. C'est selon nous le suicide pur et simple du festival. Car qui dit culture dit ouverture et non fermeture. Est-ce à dire que les Algériens confondent entre meetings politiques et festivals culturels ? L'origine du festival de Timgad est ignorée par ses organisateurs même : ce festival n'a été créé ni par les Algériens, ni non plus par l'administration française coloniale (tentative vaine de reprise du festival en 1926 après le tremblement de terre de 1924 qui avait détruit certains vestiges de l'antique Thamugadi). Les Algériens héritent et gèrent maladroitement un festival qui fut conçu au temps des empereurs romains dans le cadre de «la tournée des villes d'or» (Thamugadi, Caracalla et Carthage). Un empereur romain dont nous oublions le nom n'avait-il pas affirmé que le peuple veut du pain et des jeux ? Tout un programme de vie que seules des élites peuvent conduire si elles n'étaient pas malheureusement broyées par le système des politicards ignares et prétentieux de surcroît rentiers et aux apparences maffieuses. A quelques exceptions près, bien entendu. L'Algérie s'installe comme on le constate dans un désert des tartares. «Pleuve ô pays bien aimé » disait le Sud-Africain Alain Paton. La culture n'est pas amusement ni divertissement.