L'ex émir de la Ligue islamique pour la daâwa (prédication) et le djihad (LIDD), Ali Benhadjar, a indiqué, samedi 13 août, dans un entretien à TSA que « des préparatifs sont en cours avec d'anciens responsables de l'ex FIS pour la tenue d'un congrès constitutif pour le retour du parti dissous ». Lors de cette rencontre, les anciens responsables du FIS dissous décideront de la voie à suivre pour le retour de l'ex parti islamiste sur la scène politique, selon Benhadjar. Ce dernier a confirmé l'existence de contacts avec les ex numéros 1 et 2 du FIS. « Il y a des contacts avec les cheikhs Madani et Belhadj avec qui nous entretenons de bonnes relations », a t il ajouté. Ali Benhadjar, qui activait dans les maquis de Médéa, a qualifié de « tromperie » la politique de réconciliation nationale. Selon lui, elle « a permis au régime de se refaire un nouveau visage ». L'Algérie est devenue la poubelle du monde entier en important des produits impropres à la consommation et dangereux pour la santé publique, a t il déploré. L'Algérie, a t il ajouté, occupe les premières places mondiales lorsqu'il s'agit de corruption et les dernières places dans le monde en matière de développement et d'innovation. Il a estimé que les responsables actuels ont tout détruit : l'industrie, l'agriculture, l'éducation. « Ceux qui ont déposé les armes l'ont fait pour le bien du pays et non par repentance », a nuancé Benhadjar qui défend ses anciens compagnons d'armes : « ceux qu'on nomme aujourd'hui repentis ont pris les armes par légitime défense ». Il a également critiqué la démarche de l'ancien fondateur d'Ennahda et d'El Islah, Abdallah Djaballah, qui a créé un parti et appelé les anciens du FIS à y adhérer. « Djaballah est une victime. Nous sommes touchés par son appel. Mais la direction de notre parti est toujours là. Il aurait été préférable pour lui d'appeler le pouvoir à réhabiliter les anciens du FIS avant de les appeler à rejoindre son parti », a dit Benhadjar. L'ex émir a ajouté que les grands partis politiques ne disparaissent pas sous l'effet d'une décision arbitraire et d'un coup de crayon. « Le parti reste souverain et ne peut être dissous. Son renouveau dépend de sa direction, de ses cadres. Seul un congrès général peut décider de son avenir et c'est ce que nous souhaitons », a expliqué Benhadjar pour qui l'Algérie ne sera pas épargnée par le vent de révolte qui souffle sur le monde arabe depuis fin 2010. « Ceux qui s'accrochent au pouvoir le savent très bien et doivent travailler avec les élites du pays pour laisser au peuple le choix des responsables et ouvrir le champ des libertés générales et individuelles », a t il expliqué. Ali Benhadjar a ajouté que les 200 membres de la ligue qu'il dirigeait « vivaient normalement » parmi la population, mais ces derniers, a t il ajouté, « n'ont pas été autorisés à reprendre les postes d'emplois qu'ils occupaient avant leur départ au maquis ». Les indemnisations et les pensions dont ils bénéficient sont dérisoires, a t il dit. Il a ajouté que certains membres continuaient à faire l'objet de harcèlement de la part des services de sécurité et sont souvent malmenés dans les barrages lors de leurs déplacements à travers le pays. « D'autres frères condamnés par les ex tribunaux spéciaux croupissent toujours en prison », a poursuivi Benhadjar. « Des criminels et des corrompus bénéficient de la grâce présidentielle à chaque occasion alors que des prisonniers d'opinion demeurent en prison. Nous espérons que cet appel parviendra au président de la République », a t il ajouté. Ali Benhadjar a estimé que le dialogue actuel initié par le pouvoir est condamné à l'échec. « Ce dialogue a exclu les représentants de l'opposition réelle. Il est voué à l'échec », a t il dit, tout en plaidant pour une large participation des forces politiques. « Il faut que toutes les parties puissent participer au dialogue, sans aucune exclusion. Il faut étudier toutes les propositions formulées jusqu'à présent, notamment celles de l'ex FIS, de Mehri et Aït Ahmed », a dit Benhadjar qui plaide pour une transition pacifique, sans troubles sociaux. Enfin, Ali Benhadjar n'a pas souhaité s'exprimer sur l'affaire de l'assassinat des sept moines de Tibhrine en 1996 : « Je n'ai rien à dire de plus de ce que j'avais déjà dit ».