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«La concorde civile a identifié les auteurs des massacres»
L'EX-EMIR NATIONAL DE LA LIDD, ALI BENHADJAR, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 28 - 08 - 2001

Après ses années de «chef de guerre» au GIA, puis sa scission avec cette organisation et la création de la Lidd, dont il devient l'émir, Ali Benhadjar est un des premiers à avoir, dès 1996, déposé les armes, à la tête d'une centaine d'éléments armés et à intégrer l'accord ANP-AIS en décidant la dissolution de la Lidd en janvier 2000. Aujourd'hui, l'homme parle avec sé
Il a été trop dit et écrit sur cette aile armée de l'ex-FIS dirigée alors par Ali Belhdjar que notre journal a rencontré à Médéa. Tout se noue et se joue dans l'exégèse coranique. Un véritable contre-langage où versets et hadiths se donnent la main pour parler d'un sujet d'une brûlante actualité.
L'Expression: Après l'arrêt du processus électoral, vous avez rejoint les maquis de l'AIS. Aujourd'hui, vous êtes herboriste. Qu'est-ce qui a changé?
Ali Benhadjar: La situation générale du pays s'est exacerbée. Les mêmes causes produisent inévitablement les mêmes effets. Emploi, logement, pouvoir d'achat, libertés rebondissent d'une année à l'autre à un rythme qui appauvrit davantage les pauvres, et enrichit encore plus les riches. Concernant les éléments ayant répondu à la concorde civile, l'expectative pèse toujours sur le recouvrement de nos droits.
Quels ont été les mobiles ayant présidé à la création de la Ligue islamique pour la daâwa et le djihad de Ali Benhadjar?
L'interruption du processus électoral et la répression qui l'a accompagné furent les éléments déclenchants.
Nous n'avons pas déclaré le djihad contre le peuple ni une catégorie précise de citoyens, mais contre une partie du pouvoir ayant confisqué la volonté populaire issue de ce scrutin. Par la suite, et je le dis pour l'histoire, lorsque nous avons constaté les graves dérives traduites par l'assassinat d'innocents, nous avons créé la Lidd précisément pour nous démarquer des semeurs de mort.
La violence n'est jamais une solution. Notre réponse à la concorde civile montre bien que nous étions opposés à la violence.
A combien s'élève le nombre d'éléments ayant déposé les armes?
Deux cents personnes.
Comment expliquer que l'un de vos anciens compagnons, en l'occurrence Abdelkader Saouane, émir actuel du Gspc à Médéa, n'ait pas répondu à l'appel de la concorde civile comme ce fut le cas pour l'AIS et la Lidd?
Bien avant la trêve, j'ai rencontré Saouane pour débattre avec lui de la question, mais ce dernier s'aligne sur les principes de la faction El-Ahouel qui ne reconnaît ni parti ni élections. De plus, Saouane n'a aucune confiance en le pouvoir. A un moment donné, nous avions envisagé d'unifier nos rangs et constituer un seul mouvement. Chose qui n'a pu aboutir à cause des divergences nous séparant. Il reste, toutefois, que Saouane a, depuis longtemps, pris ses distances par rapport aux GIA.
Malgré les résultats encourageants comptabilisés par la concorde civile, les assassinats continuent et atteignent, parfois, des pics génocidaires. L'exemple de Médéa est là.
La concorde civile a un sens par rapport à un but conforté par tous les acteurs du pouvoir. Il y a réellement ceux qui sont soucieux de ramener paix et stabilité et ceux dont les intérêts sont contrariés par les objectifs assignés à la concorde civile. Ces derniers ne veulent pas qu'elle aboutisse.
Par ricochet, la concorde civile a formellement identifié les responsables des massacres des populations, c'est-à-dire les GIA. Ce qui enlève du même coup toute substance à ceux qui nous faisaient endosser les crimes commis contre les citoyens. L'histoire finira par faire tomber les masques.
Vous n'êtes pas sans savoir que beaucoup d'informations circulent à propos d'un éventuel congrès visant à reconduire l'ex-FIS sur la scène politique.
Dans le contexte actuel, la libération des détenus politiques, la prise en charge effective des victimes de la tragédie nationale, la consécration des libertés d'expression et d'association restent le passage obligé qui conditionne la sécurité et la stabilité. Il va sans dire qu'un FIS sans ses deux chouyoukh n'a aucun sens. D'ailleurs, le retour du FIS n'est pas une fin, mais un moyen pour donner de meilleures chances à la concorde nationale.
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