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« La menace d'AQMI dans la région est réelle et nous sommes disposés pour répondre aux besoins de l'Algérie en matière d'armement »
Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague à El Khabar
Publié dans El Khabar le 19 - 10 - 2011

En visite en Algérie depuis mardi dernier, le ministre britannique des Affaires étrangères, M. William Hague, a qualifié les relations algéro-britanniques d'excellentes, notamment dans la lutte contre le terrorisme et la défense. Dans un entretien accordé à notre quotidien, M. Hague a affiché la disposition de la Grande-Bretagne de répondre aux besoins de l'Algérie en matière d'armement, relevant que l'AQMI représente une menace réelle pour toute la région et qu'il est dans l'intérêt de l'Algérie qu'AQMI ne puisse pas s'enraciner davantage.
** Comment évaluez-vous la coopération économique et politique entre l'Algérie et la Grande-Bretagne ?
Les relations bilatérales entre l'Algérie et la Grande-Bretagne se sont renforcées d'une manière considérable depuis la visite effectuée par le président Abdelaziz Bouteflika au Royaume-Uni en 2006. Nous avons œuvré pour mettre en place un cadre de dialogue entre les deux pays. Il est consacré pour discuter les questions politiques, de la lutte contre le terrorisme, du commerce, de l'énergie et de l'immigration. A part cela, nous considérons que notre coopération militaire est en évolution constante. Il m'est agréable de relever que le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a enregistré une hausse de 117%, par rapport à la même période de l'année dernière. Les relations commerciales entre les deux pays ont considérablement évolué pendant la dernière décennie.
** Quelle est votre vision pour diversifier les investissements britanniques en dehors du secteur de l'énergie et les entreprises britanniques ont-elles une volonté d'investir en Algérie ?
Bien que Royaume-Uni vienne au top de la liste des investissements étrangers en Algérie dans le secteur énergétique, ses investissements ne se limitent pas seulement à ce secteur. Dans le secteur de la santé, nous avons un laboratoire pharmaceutique installé à Boudouaou dans la wilaya de Boumerdes, qui emploie plus de 300 personnes. Aussi, les universités britanniques et les écoles d'apprentissage d'Anglais sont intéressées par le marché algérien, tout particulièrement dans le secteur de la formation professionnelle et elles préfèrent travailler en collaboration avec le ministère de l'éducation et les universités algériennes publiques et les écoles privées. Les opportunités dans les secteurs de l'agriculture, des services et des finances attirent les investisseurs britanniques. Il y a lieu de signaler que les hommes d'affaires britanniques ne connaissent pas trop sur l'Algérie, ce que je me suis déterminé à changer depuis ma nomination à mon poste de ministre des AE.
** Où en est-on de la coopération militaro-sécuritaire entre les deux pays et y a-t-il une volonté de les renforcer davantage, notamment en ce qui concerne la vente du matériel militaire pour l'armée algérienne ?
Parmi les principes du gouvernement britannique est de ne jamais commenter les questions liées aux renseignements. Nos relations avec l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme et la défense sont excellentes. Elles englobent plusieurs activités. Nous considérons l'Algérie en tant que partenaire important dans la sécurité et nous appuyons fortement ses efforts dans sa lutte contre le terrorisme. Il existe une réunion de dialogue annuelle entre le Royaume-Uni et l'Algérie sur les questions liées à la lutte contre le terrorisme. La prochaine réunion aura lieu à Alger à la fin du mois courant. Les deux pays possèdent une grande expérience qu'ils puissent partager en coopérant l'un avec l'autre pour lutter contre la menace terroriste qui nous guette tous. Nous partageons le même principe s'opposant au paiement de la rançon aux groupes terroristes. Nos relations en matière de défense se sont consolidées après la signature de l'accord de coopération par le ministre britannique en 2009.
** L'insécurité dans la région sahélo saharienne est devenue une préoccupation majeure avec la consolidation d'AQMI, qu'en pensez-vous ?
Il est tout à fait clair que la menace d'AQMI persiste toujours et qu'il n'est pas possible de l'éradiquer seulement militairement. Il est très important de travailler côte à côte pour faire face à cet ennemi commun. Je pense que nous ne pouvons mettre fin d'une manière définitive à AQMI si nous ne coopérons pas étroitement l'un avec l'autre et tout particulièrement avec les pays de la région pour trouver les solutions à même d'en finir avec ce fléau et d'affaiblir les capacités des terroristes d'atteindre les citoyens innocents. Certains pays de la région ne possèdent pas les moyens leur permettant de faire face à cette menace à eux seuls…je considère que l'installation du Comité d'état major et la cellule de renseignement des pays Sahel comme deux pas important qui concrétisent la coopération. Egalement, la conférence sur le partenariat, la sécurité et le développement entre les pays du champ du Sahel et les partenaires extra-régionaux, tenue à Alger, est un pas qui s'inscrit dans le renforcement de la coopération entre les différentes parties.
** Quelles conclusions en tirez-vous des révoltes arabes et comment analysez-vous la situation actuelle en Libye ?
Le printemps arabe a émis un message clair à Al Qaida. C'est-à-dire les idées de cette organisation terroriste incitant à la haine n'ont aucune place au sein des peuples arabes. Mais AQMI ne cesse de constituer une menace réelle. D'où l'intérêt de continuer la coopération avec le CNT libyen et le peuple libyen dans le but de ramener la stabilité à la Libye et de veiller à ne pas laisser des espaces qu'AQMI veut exploiter pour confirmer sa présence. L'engagement du CNT de dénoncer toutes les formes d'extrémisme et de garantir le multipartisme politique aura un rôle important pour lutter contre ce fléau. L'inquiétude de l'Algérie sur la situation en Libye est justifiable, notamment quand il s'agit de la propagation des armes. J'encourage l'Algérie à coopérer avec la nouvelle autorité libyenne pour lutter conjointement contre ce fléau.
** Le conflit du Sahara Occidentale constitue un facteur d'instabilité dans la région. Quelle est la position de la Grande-Bretagne de ce conflit et les moyens à même de le régler ?
Le statu quo dans le conflit du Sahara Occidentale à des effets négatifs sur toute la région. Il entrave l'établissement d'une coopération régionale efficace. Je soutiens les efforts de l'ONU pour trouver une issue à satisfaire les deux parties et qui assure le droit d'autodétermination pour le peuple sahraoui. J'espère que ces efforts aboutissent au règlement de ce conflit qui a duré plus longtemps qu'il en fallait. Pour ce qui est du printemps arabe, nous avons insisté avec l'UE pour soutenir dans le cadre de la nouvelle politique de voisinage européenne la réalisation d'une intégration économique avec les pays de l'Afrique du nord.
** Quelle est la politique adoptée par les deux pays dans le cadre de la circulation des personnes et l'octroi de visas ?
Il existe entre l'Algérie et le Royaume-Uni un dialogue ouvert sur une série de questions, dont celle liée à l'immigration, et nous souhaitons que cela puisse continuer dans l'avenir. L'Algérie est un partenaire important dans la région et nous souhaitons garder notre coopération dans la lutte contre l'immigration clandestine. Pour notre part, nous considérons que tous les algériens sont tenus d'obtenir un visa avant de se rendre au Royaume-Uni. Une règle à laquelle sont soumis les citoyens de tous les autres pays. Le taux de visas octroyés aux demandeurs algériens a enregistré une hausse de 177% pendant le premier semestre de l'année en cours si l'on compare avec la même période de l'année dernière. Ce qui porte le nombre de visas accordés à 5500.


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