L'arrestation de l'ancien chef des Serbes est avant tout une victoire pour le nouveau gouvernement serbe pro-européen. Radovan Karadzic est toujours perçu comme un héros aux yeux des nationalistes serbes. Sa capture réduit leur influence et conforte le président Boris Tadic et le gouvernement pro-européen arrivé il y a dix jours au pouvoir. Il prouve également leur souhait de rentrer dans l'Union européenne. L'arrestation de Radovan Karadzic était une exigence non négociable de Bruxelles pour appliquer la première étape vers une adhésion. Chose promise chose due, les ministres des Affaires étrangères de l'UE réunis hier, ont fait savoir qu'ils envisageaient de faire entrer la candidature de la Serbie dès la fin de l'année. Autre pays candidat à l'UE depuis plusieurs années, la Croatie qui verrait d'un mauvais œil que son voisin et frère ennemi entre avant lui alors que dans le même temps son tortionnaire Garan Hadzic, ancien chef des Serbes de Croatie est toujours libre. De plus, sur le cas de la Serbie, certains diplomates européens exigent que le gouvernement serbe continue dans cette voie et arrête le plus vite possible le général Ratko Mladic, le chef militaire des Serbes de Bosnie. Autre sujet, qui demeure plus sensible, le Kosovo dont les pays européens ont été les premiers à reconnaître son indépendance au mois de février dernier. Les dirigeants serbes n'ont toujours pas reconnu l'indépendance du Kosovo et ne sont pas près de le faire comme le rappelle le ministre serbe des Affaires étrangères, Vuk Jeremic, « la Serbie continuerait de défendre ce qu'elle considère comme sa souveraineté sur le Kosovo ». Sur ce sujet, Belgrade peut compter sur son allié historique, la Russie, qui, elle non plus, n'a pas reconnu l'indépendance du Kosovo. Moscou a par ailleurs indiqué par la voix de son représentant à l'ONU, Dimitri Rogozine, que « si Karadzic méritait que son cas soit examiné à la Haye, l'Otan, qui a pris la décision de bombarder des citoyens pacifistes en 1999 le mérite aussi ». La Russie reste un allié stratégique avec les pros Serbes. Belgrade n'a pas réagi à ces propos. L'arrestation de Karadzic dont toute la communauté internationale se réjouit, risquerait de déstabiliser cette région sensible des Balkans.