Les abattoirs en Algérie ne répondent pas aux normes requises. Le constat est celui du Dr Rachid Bouguedour, directeur des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture et du Développement rural, qui précise que cette activité est entièrement l'apanage du secteur privé. Les contrôleurs de son département se retrouvent, souligne-t-il, devant « un choix cornélien ». « Ou bien on ferme les abattoirs et on se retrouve sur le marché avec une viande non contrôlée ou bien on les laisse continuer à fonctionner même s'ils ne respectent pas les normes requises, afin que la viande soit disponible pour le consommateur », fait-il valoir, dépité. L'absence d'abattoirs modernes est l'un des facteurs qui empêchent le développement de l'exportation de viande ovine, préconisée pour résorber le sureffectif du cheptel ovin. Une telle opération, note Dr Bouguedour, nécessite également une certaine logistique qui comprend des unités de conditionnement et des chambres froides. En attendant la mise en place de cet environnement propice à l'exportation, il est envisagé de mener des actions dans le sens de « la régénération de la steppe pour canaliser les effectifs », indique ce responsable au ministère. Le cheptel ovin a atteint un tel seuil que les éleveurs n'arrivent plus à écouler sur le marché leurs produits. Dr Bouguedour explique cette surpopulation par l'amélioration des conditions sanitaires qui s'est traduite par une absence d'épidémies, ainsi que l'adoption de techniques modernes d'élevage. Le cheptel est évalué à environ 19 millions de têtes dont 11 millions de brebis. Le ministère de l'agriculture prévoit une palette de mesures pour venir en aide à ces éleveurs, assure notre interlocuteur. « L'élevage, toutes filières confondues, est une priorité pour nous », soutient-il tout en relevant que cette activité contribue à hauteur de 50% au produit intérieur brut (PIB) agricole. « Il n'est pas normal que l'on continue à importer près d'un milliard de dollars de poudre de lait. C'est la filière d'élevage laitier qui doit être aidée et non l'importation de poudre de lait », reprend Dr Bouguedour. Il soulignera dans ce sillage que « l'importation de génisses est libre ». « Nous sommes stricts sur le plan sanitaire. Il y a des normes sanitaires à respecter. Ça nous a permis de nous prémunir contre la maladie de la vache folle. Il n'y a pas d'autres barrières », ajoute-t-il. Selon lui, le nombre d'infrastructures pour accueillir les génisses est suffisant. « Au niveau national, il y a de nombreuses fermes vides. On n'a plus importé depuis deux ou trois ans. Beaucoup d'éleveurs ont décapitalisé leurs fermes à cause de la cherté de l'aliment du bétail. Il y a suffisamment d'étables vides pour importer », confie-t-il. L'Etat, poursuit-il, est prêt à mettre en place des aides particulières. Aides pour les petits éleveurs Des subventions sont déjà accordées aux éleveurs sur différents aspects tels que le matériel laitier et l'insémination artificielle. Toutes ces aides seront renforcées et le département de l'agriculture est en train de maturer d'autres aides destinées à ces exploitants, fera savoir Dr Bouguedour. Le rendement moyen par vache laitière en Algérie est entre 10 et 30 litres, alors que dans les pays laitiers, il dépasse les 60 litres. Le cheptel bovin est estimé à 1,5 million dont 500.000 vaches laitières. Un chiffre jugé trop faible pour assurer une production de lait et de viande en mesure de combler les besoins du pays. Pour combler ce déficit, le ministère envisage de recourir, entre autres, à l'importation d'embryons. « Nous avons fait appel à des pays qui ont une expérience en matière de transfert génétique », nous dira à ce propos Dr le Bouguedour. Il rappellera, en outre, que l'un des objectifs du ministère est de créer 10.000 unités d'élevage dans les zones difficiles d'ici à la fin 2008. « Les fonds d'aides qui existent actuellement sont destinés aux grands exploitants d'élevage. Nous prévoyons des aides pour les petits élevages de proximité. Ce dispositif concerne tous les élevages confondus », conclut-il.