Les représentants de pas moins de 51 pays africains, dont l'Algérie, ont discuté mardi, à Dakar, des voies et moyens d'améliorer et harmoniser les législations nationales en matière du médicament vétérinaire destiné à lutter contre la grippe aviaire et les épizooties en Afrique. Réunis dans le cadre d'une conférence sous le thème : “Harmonisation et amélioration de l'enregistrement, de la distribution et du contrôle de qualité”, les experts et les représentants d'organisations internationales et régionales, des ONG et des fabricants du médicament vétérinaire, feront un état des lieux sur les médicaments utilisés dans les pays africains en matière de lutte contre la grippe aviaire, de protection de la santé animale et de la santé publique. S'exprimant à l'ouverture des travaux de cette rencontre prévue sur trois jours, le directeur général de l'OIE (Organisation mondiale de la santé animale), M. Bernard Vallat, a indiqué que “nous sommes là pour harmoniser les législations entre les pays africains, plaider pour que les contrôleurs chargés d'appliquer la loi, notamment les services vétérinaires, aient plus de moyens de la part de leurs gouvernements ou de bailleurs de fonds internationaux pour faire correctement leur travail pour améliorer la situation”. M. Vallat a précisé que l'amélioration du médicament et du vaccin vétérinaire “est un facteur essentiel pour améliorer la santé animale”, ce qui permettra d'améliorer les revenus des éleveurs et aussi garantir l'approvisionnement de tous les consommateurs en protéines nobles que sont le lait, la viande ou les œufs. Déplorant l'existence en Afrique de problèmes liés à l'enregistrement et à la distribution du médicament vétérinaire, le responsable de l'OIE a insisté sur la nécessité de changer “une situation très défavorable aux éleveurs et aux consommateurs en Afrique”, ajoutant que ce continent connaît “la circulation de beaucoup de produits frelatés constituant un véritable danger pour la santé des animaux, mais aussi pour la santé des consommateurs”. Ce dernier a également évoqué d'autres axes prévus à l'ordre du jour de cette rencontre, comme la création de laboratoires supplémentaires en Afrique pour contrôler la qualité des médicaments et l'échange des dernières expériences sur le contrôle de la qualité et la distribution des médicaments vétérinaires. De son côté, le représentant du ministère algérien de l'Agriculture et du développement rural, le Dr Rachid Bouguedour, a indiqué à l'APS, en marge des travaux, que dans la région du Maghreb en général et en Algérie en particulier : “Nous n'avons pas de problèmes liés aux faux médicaments”. Pour le Dr Bouguedour, les faux médicaments constituent actuellement “la plaie” de l'Afrique subsaharienne, soulignant l'existence sur le continent de produits contrefaits, ce qui impose la mise en place d'organismes de contrôle qui peuvent statuer sur la qualité des produits. Affirmant que la région du Maghreb arabe est dotée d'une assise réglementaire et de systèmes d'homologation, le Dr Bouguedour a déploré “la vente informelle en Afrique, notamment dans sa région subsaharienne, de médicaments aussi bien humains que vétérinaires”. “Ces produits, a-t-il expliqué, sont en général moins chers, alors beaucoup de gens dont le pouvoir d'achat est faible vont sur ces marchés là au lieu d'acheter dans les circuits réglementés”, observant dans ce sens que “le plus important c'est d'instaurer un contrôle performant qui puisse superviser les produits qui rentrent pour être utilisés localement”. L'importance de la qualité du médicament vétérinaire réside dans le fait que l'élevage pèse beaucoup dans les économies des pays de l'Afrique noire, selon le représentant algérien qui constate que “l'Afrique souffre beaucoup d'une sous médicalisation et d'une fausse médicalisation, à travers la consommation de médicaments contrefaits”. Il a, par ailleurs, annoncé que l'Algérie commence à avoir une production intéressante en matière de médicaments vétérinaires, puisqu'elle est passée en une décennie “d'un pays importateur net de médicaments vétérinaires à un pays qui commence à exporter”. Ces produits sont fabriqués en Algérie par cinq unités privées, selon le Dr Bouguedour qui a fait savoir que 20 % de ce qui est consommé localement est produit en Algérie. Le même responsable a affirmé que la protection de la santé animale est un domaine bien maîtrisé en Algérie qui, “depuis une quinzaine d'années n'a pas enregistré d'épizooties, ni de grosses épidémies”. Pour sa part, le ministre sénégalais de l'Agriculture et de l'Elevage, M. Hamath Sall, a indiqué que les recommandations issues de cette conférence “devraient permettre d'avoir suffisamment d'idées pour aller dans le sens du renforcement de l'efficacité de notre dispositif régissant le secteur du médicament vétérinaire”.