Les patriotes de Lakhdaria, à 45 km au nord-ouest de Bouira, 300 éléments environ, vivotent avec une rente mensuelle de 11 000 DA, sans savoir de quoi sera fait demain. Appelés à la rescousse en 1995, au moment où la région était à feu et à sang, ces patriotes n'ont pas hésité à répondre présents. Placés d'abord sous le commandement de feu Zidane El Mekhfi puis sous celui de l'ANP, ces hommes, de rugueux montagnards pour la plupart, feront preuve d'un courage hors du commun. En effet, au moment où les habitants de la région se terraient chez eux dès le coucher du soleil, les patriotes, eux, bravaient le danger en faisant des ratissages, en tendant des embuscades ou en sécurisant des lieux isolés et stratégiques. Nombre d'entre eux sont morts en mission commandée, d'autres sont restés handicapés à vie, mais ces deux catégories ont été régularisées dans le cadre des victimes du terrorisme. Le problème se pose avec ceux qui ont eu l'honneur et la chance d'avoir combattu le terrorisme et d'être restés vivants, en bonne santé, comme ce jeune patriote qui, sous couvert de l'anonymat, est venu nous raconter sa peine. « Si c'était à refaire, je referais la même chose », avoue-t-il. « Mais, tient-il à préciser, je souhaite ardemment que l'Etat se souvienne de nous et qu'il nous trouve une solution juste et équitable ». Prié d'être plus explicite, le patriote nous répond par cette question embarrassante : « Peut-on vivre de nos jours avec 11 000 DA par mois, sans allocations familiales et sans être affilié à la sécurité sociale ? » Certes, le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, soutient mordicus que l'Etat n'oubliera pas les patriotes. Mais, le temps passe et les patriotes n'ont encore rien vu venir.