Le fils de feu Zidane El Makhfi, un patriote de la première heure, a pris les armes et combattu le terrorisme dès son apparition. Et il ne le regrette pas. Aujourd'hui, il ne veut que la paix. Il souhaite aussi que les patriotes s'organisent et que les opportunistes de tous bords aillent voir ailleurs. L'Organisation nationale des patriotes, c'est un projet, une réalité ou une utopie ? Je ne saurais vous le dire. En tout cas, à l'heure où je vous parle, cette organisation n'existe pas encore. C'est le président de la République qui, en parlant des patriotes lors de son dernier discours, a fait bouger les choses. Des contacts informels sont en cours, les gens se concertent ; bref, un frémissement est nettement perceptible dans les rangs des patriotes. Mais qu'on se le dise dès maintenant, la route doit être barrée aux opportunistes de tous bords, à ceux qui aiment prendre les trains en marche et aux gens qui font des déclarations intempestives par presse interposée. Pouvez-vous être plus explicite ? Le 22 mai dernier, une rencontre des représentants des patriotes de toutes les régions du pays s'est tenue à Lakhdaria (wilaya de Bouira), en marge de la commémoration du 9e anniversaire de la mort de mon père (Zidane El Makhfi, ndlr). On a fait le tour de la question, mais aucune décision n'a été prise. Je vous en dirai plus dans 15 jours. Cela dit et au risque de me répéter, j'ajouterais qu'on veillera à ce qu'il n'y aura pas de 19 mars bis. On n'a pas besoin d'intermédiaires ni de tuteurs politiques. Les patriotes n'ont de compte à rendre qu'au président de la République, parce que, pendant les moments difficiles, nous n'avons trouvé ni partis politiques ni organisations. Quelle est la situation actuelle des patriotes ? Ils sont des dizaines de milliers, éparpillés aux quatre coins du pays. Au départ, la lutte anti-terroriste et son corollaire, la protection des biens et des personnes, étaient notre seul but. Avec le temps et l'accalmie relative aidant, beaucoup de patriotes sont devenus des agents de sécurité et de prévention (ASP). Mais comme il n'y avait pas de place pour tout ce beau monde, certains n'ont pu être casés, d'où leur sentiment d'être marginalisés dans leur propre pays. Une chose est sûre cependant, de l'avis de tous, y compris les plus hautes autorités, aucun patriote ne doit être oublié. Quel regard portez-vous sur l'avenir ? Moi, personnellement, je n'aimerais pas que mon fils vive ce qu'a vécu son grand-père. Il est vraiment temps que notre malheur cesse. Il est aussi grand temps de se consacrer au développement de l'Algérie, d'autant plus que ce ne sont pas les moyens humains ou matériels qui manquent. Que pensez-vous de l'amnistie générale ? Quiconque a vécu les années de braises ou entendu parler d'elles sera pour toute mesure susceptible d'arrêter l'effusion de sang et de panser les blessures. Aucun conflit à travers l'histoire n'a été réglé par les armes uniquement. Regardez l'Irak ! Même la première puissance mondiale y a laissé des plumes avant de (re) découvrir les vertus du dialogue et de la réconciliation. Des ONG préconisent une autre voie, celle de la vérité et de la justice… Le problème est algéro-algérien. C'est aux Algériens donc et aux Algériens uniquement de trouver des solutions à leurs problèmes internes. Mais, tant qu'à faire, pourquoi ces ONG ne s'intéressent-elles pas à la colonisation, à la repentance des colonisateurs, aux victimes des essais nucléaires de Reggane ? Vous voyez, du boulot, il y en a pour qui veut vraiment activer dans le domaine des droits de l'homme.