Pays riche, communes pauvres. Quels sont, selon vous, les facteurs de blocage qui empêchent la relance économique au niveau local ? Pour ne pas échapper aux clichés au niveau national, on a toujours les premiers facteurs qui sont liés tout d'abord aux zones d'activité. C'est un facteur de blocage ancien, qui concerne aussi bien les APC que l'administration et les opérateurs économiques, bien entendu. Nous savons tous qu'il est lié au foncier industriel. L'accès au foncier industriel est très difficile pour nous. On dit souvent que la première destination des entreprises, ce sont les zones d'activité. On trouve aujourd'hui des zones d'activité qui n'ont pas bénéficié de facilitations ces vingt dernières années. C'est-à-dire que si l'on va sur une zone, on doit trouver des potentialités qui permettent aux entreprises de s'implanter, de développer leurs activités et de prospérer. Cela n'a jamais été le cas dans la wilaya de Tizi Ouzou. Les zones les plus anciennes sont les plus délaissées. C'est étonnant. On trouve les mêmes contraintes, c'est-à-dire que même si nous avons dressé plusieurs tableaux sur ces zones et chiffré ce qu'il est nécessaire d'apporter en termes d'investissement, on se rend compte aujourd'hui que nous sommes confrontés éternellement aux mêmes problèmes ces 20 dernières années. La question qui s'impose est celle de savoir comment attirer des entreprises vers la wilaya et la commune de Tizi Ouzou plutôt qu'une autre région du pays, au vu de la compétition au niveau national. On doit offrir à ces entreprises des avantages comparatifs. Il faut que la destination investissement à Tizi Ouzou soit offerte aux opérateurs avec une incitation et une attractivité. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Je prends l'exemple d'un investisseur qui arrive dans notre wilaya pour la première fois. Quelle va être sa réaction en se rendant dans une zone d'activité qu'il a peut-être choisie lui-même ? Soit il se dit que ce n'est pas encore le moment d'investir dans cette wilaya, et à ce moment-là il fait comme beaucoup d'autres et choisit une autre direction ; ou bien nous sommes capables de lui dire : nous pouvons vous assister et vous accompagner. Et là, il va falloir changer de stratégie. Le code communal revu et corrigé donnerait davantage de prérogatives aux élus locaux dans la gestion des affaires de la collectivité. Cela pourra-t-il contribuer à booster l'essor économique des municipalités ? Dans le cadre de cette réforme du code communal, en relation directe aussi avec la loi de finances 2008, il y a des prérogatives qu'on annonce comme beaucoup plus souples et plus larges. Le volet qui semble, à notre sens, important et qui fera peut-être bouger un peu la gestion au niveau des entreprises est surtout celui lié à la fiscalité, notamment la fameuse taxe sur l'activité professionnelle (TAP) qui va être versée à des taux plus élevés pour les communes. C'est une opportunité pour les APC, aujourd'hui, de découvrir le tissu industriel, économique et commercial dont elles disposent dans leur périmètre. C'est-à-dire qu'elles vont disposer de moyens supplémentaires pour financer la dynamique de relance économique, mais qui devrait être aussi mise au profit des entreprises. Si une fiscalité d'entreprise est mise en place, il faut qu'elle soit visible sur le terrain pour favoriser justement le développement de ces PME-PMI au niveau de ces communes. Il y a quand même aujourd'hui 8550 PMI réparties à travers les communes de la wilaya de Tizi Ouzou. Il est intéressant de voir comment ce nouveau dispositif, sur le plan fiscal, va être favorable à leur développement. L'investissement est au point mort. Que préconisez-vous pour donner un nouveau souffle à l'économie de la région ? Il y a tout d'abord un travail de réflexion qui doit être fait, notamment avec l'ensemble des élus qui sont une composante importante de la dynamique du développement local, avec l'exécutif de wilaya, l'administration. On ne doit pas non plus négliger l'apport des opérateurs ou de leurs représentants. Beaucoup souhaitent investir aujourd'hui. Il faut permettre à l'administration et aux élus locaux APC et APW d'écouter ces opérateurs. En ce qui nous concerne, la proposition que nous faisons en tant que Chambre du commerce et en tant qu'opérateurs, c'est que le développement en zone montagneuse est spécifique et ne répond pas aux mêmes critères qu'à Bordj Bou Arréridj où les contraintes sont différentes. Il faut un plan spécifique non seulement pour la Kabylie, mais pour toutes les wilayas montagneuses, avec un programme spécifique comme il en existe pour le Grand-Sud et les Hauts-Plateaux. Il faut un plan de développement pour les zones montagneuses. Des plans de développement rural ont été certes mis en place, mais il faut que ça aille au-delà. Il n'y a pas que la ruralité, l'activité économique dans sa globalité est à prendre en considération.