La plage Franco, dans la commune de Raïs Hamidou, propose un paysage habituel en cette saison ; les parasols prolifèrent, les enfants courent sur le sable grisé par le ciment provenant de l'usine. Ali, le doyen de la plage, qui a fêté ses 73 printemps cette année, est assis à l'abri, sur le côté gauche de la grève. Il fréquente l'endroit depuis l'âge de 15 ans et veille à la sécurité des estivants. La plage Franco était un site renommé pour le bar qui lui a donné son nom. Bals, soirées diverses y étaient organisés et animaient la place. Les restaurants situés à proximité de cette petite étendue de sable avaient pignon sur rue. L'établissement de sports nautiques attirait du monde, les hommes politiques aimaient venir s'y détendre. Les rochers en forme de pain de sucre ainsi que la jetée de cette plage offrent des plongeoirs naturels aux baigneurs et donnent tout son charme au lieu. Néanmoins, les nombreux rochers qui tapissent ce terrain de jeu idyllique, restent dangereux. L'inconscience des vacanciers pourrait être mise en cause si des panneaux de prévention pour les mettre en garde existaient : « Il y a quelques accidents, ils se cognent la tête contre les rochers », assure Sid Ali, 23 ans, plagiste. Au fil du temps, l'ambiance et l'espace se sont peu à peu dégradés. Les commerces ont fermé tour à tour. Dans les années 1990, les plages étaient désertes à 18h et la mixité n'était pas tolérée. L'insécurité et l'installation de la cimenterie ont terni l'image de cette crique. Cette cimenterie déverse ses eaux usées directement à la mer. Les autorités garantissent un contrôle régulier de l'état de l'eau et autorisent la baignade. Toutefois, les déchets de l'usine qui se déposent dans le fond marin remontent à la surface lorsque la mer est houleuse et donnent à l'eau une teinte marron opaque. Le nettoyage de la baie est assuré, tous les jours, par l'Agence pour la promotion et la protection du littoral algérois (APPL). Pourtant, à 15h, le travail fourni, plus tôt, n'est déjà plus visible. La plage compte moins de monde qu'auparavant, bien qu'elle soit encore très fréquentée, les habitants de La Casbah et de Bab El Oued se rendent à El Kettani à présent, car plus près. La population de Franco est familiale, sécurisée par les pompiers et les policiers qui sillonnent la plage. La location d'esquifs est possible pour aller nager plus au large où la mer retrouve sa couleur originelle. Les fidèles aimeraient voir des restaurants rouvrir et redécouvrir un endroit convivial où les familles pourraient s'attabler pour le temps d'un repas. Selon les habitués, un projet de construction d'un port dans les environs est prévu fin 2008, ce qui réduira à néant les espoirs des riverains nostalgiques de retrouver leur plage d'antan.