Les véritables enjeux de la réforme universitaire qui consiste en l'introduction du système licence, mastère, doctorat (LMD), a été débattu récemment à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Le report de la tenue d'un tel débat à la fin de l'année est expliqué par l'instabilité ayant rythmé l'année universitaire 2007/2008. Organisé par la coordination locale des étudiants, il a été convié à l'animation MM. Challal et Rahmani, respectivement enseignant en sciences économiques à Tizi Ouzou et coordinateur national du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES). Les invités se sont attardés sur l'historique du système qui est apparu aux Etats-Unis, puis propagé si bien en Europe occidentale qu'en Europe de l'est. Pour les conférenciers « ce nouveau système ne vient sûrement pas régler les problèmes socio-pédagogiques des étudiants et des enseignants. Il répond, selon eux, aux aspirations et aux besoins de ceux qui veulent l'imposer sans concertation avec la famille universitaire ». Pour étayer cette idée, M. Rahmani dira que « les pouvoirs publics sont déficitaires sur les plans de la concertation et de la communication ». Pour étayer ses dires, il soutient que « 55% des enseignants sont marginalisés et n'ont pas assisté aux assises du secteur. Le gouvernement avait engagé des amendements sur les lois du 23 février qui sont la Loi d'orientation et celle de la recherche scientifique qui prennent en charge de manière globale la réforme du système éducatif. 80% de la famille universitaire n'a pas discuté ces amendements. » Pour l'orateur, « le LMD n'est pas dicté par les besoins de la société algérienne, mais un choix de l'administration ».Il laisse entendre « qu'au CNES, l'enjeu majeur est la sauvegarde d'une université publique performante et une meilleure formation pour nos étudiants, en axant la réforme sur la gouvernance et la qualité de l'enseignement entre autres ». En outre, M. Challal a expliqué que « ce système ne peut pas être rejeté en bloc ni accepté tel qu'il est imposé par la tutelle ». Il faudra, selon lui, « s'interroger sur la logistique et les compétences des enseignants à pouvoir assumer ces réformes sur le plan scientifique ». Appelant à un large débat, il pense qu' « il existe un enjeu politico-économique très important, car il y aurait une tendance à privatiser l'université. Outre les pressions des instances financières mondiales, des chefs d'entreprises encourageraient la réforme dans ce sens pour adapter la formation aux besoins des entreprises économiques ». Par ailleurs, dans une contribution analytique du système LMD diffusé par les étudiants affiliés à la CLE, ils constatent que « lorsque le ministère de tutelle avait relevé les principaux dysfonctionnements de l'ancien système, il n'a, à aucun moment mis en rapport ces « dysfonctionnements » avec l'immense déficit en infrastructures socio-pédagogiques et en matériel pédagogique ».