Nous sommes en état d'alerte générale. La privatisation des entreprises publiques mènera inévitablement vers la décomposition. Nous estimons que l'Algérie doit rester algérienne et ne doit pas servir de laboratoire pour les pays étrangers », a indiqué, hier, Louiza Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs, lors d'un point de presse animé au centre de la Mutuelle des travailleurs des matériaux de construction à Zéralda (Alger), à la suite de la réunion des trois commissions nationales permanentes du parti, à savoir celles des femmes, des jeunes et des syndicalistes. Un rapport closant les travaux de cette manifestation a été lu à l'assistance par la première responsable de cette formation. Mme Hanoune a dressé, à cet effet, un tableau peu reluisant de la situation qui prévaut dans notre pays. Dans ce sillage, elle a lancé un appel pour la défense de l'unité de la République contre les privatisations, la régionalisation et la déréglementation. De l'avis de la conférencière, la privatisation des entreprises publiques signifie la généralisation de la décomposition et la division des travailleurs. « Il y a une angoisse chez les travailleurs et ils sont choqués d'entendre des hauts responsables du pays parler d'une manière catégorique de privatisation de toutes les entreprises », dira la porte-parole du PT qui s'est référée pour illustrer ces propos à l'article 17 de la Constitution qui stipule que la propriété publique est un bien de la collectivité nationale. Elle comprend le sous-sol, les mines et les carrières, les sources naturelles d'énergie, les richesses minérales, les eaux et les forêts... « Aujourd'hui, l'heure est très grave puisque tous les secteurs protégés expressément par l'article 17 de la Constitution sont menacés de privatisation au profit des multinationales appelées frauduleusement “investisseurs étrangers” sous couvert de partenariat », a-t-elle souligné. Le Parti des travailleurs s'est dit très inquiet devant la multiplication des déclarations de différents ministres annonçant des « réformes » tous azimuts qui ciblent « nos entreprises et emplois, nos droits et acquis et l'avenir de nos enfants, et nous sommes particulièrement choqués par la réintroduction du projet de loi portant dénationalisation des hydrocarbures ». La formation de Mme Hanoune est convaincue qu'aucune personne ne peut comprendre le fait qu'au moment où les recettes pétrolières sont à même de permettre au pays de résoudre les problèmes sociaux étouffants, soit mise en œuvre une orientation qui confisque les solutions nationales. En somme, Mme Hanoune affirme qu'il y a une offensive qui vise l'UGTA et ce afin de diviser les travailleurs. « C'est un travail politique qui a été bien ficelé afin d'affaiblir l'UGTA et notre rôle en tant que parti est d'aviser les syndicalistes », dira la conférencière. Abordant le problème du chômage, Mme Hanoune juge aberrant le fait que les pouvoirs publics considèrent un vendeur à la sauvette comme étant un emploi stable et a qualifié de scandaleux le trafic de registres du commerce élucidé récemment. « Dans un pays qui se respecte, les ministres des Finances et du Commerce devraient démissionner », a-t-elle estimé. Concernant la question de la femme, l'oratrice a annoncé que la commission qui s'est penchée sur ce sujet a proposé la fondation d'une organisation nationale du Parti des travailleurs pour s'occuper des problèmes particuliers de cette catégorie sociale. La commission a élaboré un plan de travail et l'organisation sera mise en place le 8 mars 2005. Sur un autre chapitre, la porte-parole du PT relève qu'il faut séparer la politique de la religion et cette dernière de l'Etat ; dans le cas contraire, il risque d'y avoir, selon elle, des affrontements religieux dans les syndicats. « On ne peut parler d'amnistie, de réconciliation si l'on applique la politique de privatisation, de régionalisation... Cette politique n'est pas inéluctable et nous pouvons arrêter ce bulldozer puisque c'est une question de survie. » Dans cette même logique, Mme Hanoune soutient que l'augmentation du prix de l'eau qui différera d'une région à une autre vise, entre autres, l'instauration de la régionalisation, alors que normalement les citoyens sont censés être égaux dans les services publics.