“Il faut tirer au clair l'affaire Khalifa et sanctionner les responsables, en réfléchissant comment on en est arrivé là”. Ce point de vue a été défendu, hier, par la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, lors d'une conférence de presse tenue au siège de sa formation. La porte-parole du PT a remarqué que les dossiers de corruption ne concernent pas seulement le groupe Khalifa. Pour Mme Hanoune, la “responsabilité politique est énorme” dans l'évolution du fléau. “C'est la faute à l'économie de marché à l'algérienne, à l'économie de bazar et de la mafia”, a-t-elle indiqué, en s'interrogeant sur “le sort des travailleurs”. Puis d'ajouter : “Ces procès doivent se poursuivre, pour situer la racine du mal, attaquer celui-ci et ouvrir de nouvelles perspectives pour ce pays.” Faisant le lien entre l'ouverture du procès Khalifa, la privatisation de la banque CPA, le pouvoir de l'argent et la tenue prochaine des élections législatives, elle a plaidé pour “un assainissement urgent du climat politique et social”. “Nous devons en finir avec les contradictions dans les institutions. Le chef de l'Etat doit prendre d'autres décisions hardies, car c'est une question de sauvegarde”, a alerté Mme Hanoune, suggérant à “l'Etat souverain” adossé sur “une mobilisation populaire” de “revoir les privatisations des entreprises publiques et l'accord d'association avec l'Union européenne”. La chef du PT a également annoncé que son parti soutient la proposition de l'UGTA, sur la dissolution du département de Hamid Temmar, du CPE et des SGP. “Ce sont des structures parallèles à l'Etat”, a-t-elle signalé, en s'en prenant en même temps au ministre de l'Energie et des Mines. Mme Hanoune s'est dite inquiète par rapport à la situation du pays, allant jusqu'à comparer l'Algérie à l'Argentine de 1998, “où les réformes du FMI avaient d'ailleurs été menées par Chakib Khelil”. “Les lois doivent changer, les accords que défend Temmar nous ont apporté la décomposition sociale”, a-t-elle constaté. La réouverture, par le gouvernement, du débat autour d'une nouvelle politique industrielle confirme, selon l'intervenante, “l'aveu d'échec”. D'où l'exigence du PT “d'élaborer un bilan des options appliquées jusqu'à maintenant et de suspendre les privatisations”. Mais les critiques du PT ne s'arrêtent pas là, puisqu'il demande la fermeture des “agences de régulation” dans les secteurs de l'énergie, l'électricité et l'eau. Il réclame, par ailleurs, l'arrêt de “la politique d'indigénat et de recolonisation à moindre coût”, adoptée dans certaines grandes entreprises. “Dans l'Algérie indépendante, des étrangers perçoivent des salaires en devises, qui sont supérieurs à ceux des Algériens”, a dénoncé Louisa Hanoune, en se disant convaincue qu'il y a “une volonté de chasser les cadres nationaux”. Invitée à commenter l'offre faite sur la tenue de deux élections, législatives et communales, au cours de l'année en cours, cette dernière a répondu qu'une telle démarche “donnera les moyens pour la fraude généralisée”. Elle a tenu à rappeler qu'“aucune élection ne s'est passée dans des conditions normales”, en plaidant pour le mode du scrutin à la proportionnelle de wilaya qui “consacre le multipartisme”, à défaut de “la proportionnelle intégrale nationale qui se base sur les programmes des partis”. Elle a aussi appuyé la révision électorale “pour consacrer la primauté des partis” et fermer ainsi la porte “au nomadisme politique et la corruption dans les institutions”. Mme Hanoune a aussi soutenu l'idée d'un remaniement ministériel, “pour exclure Khelil, Temmar et ceux qui soutiennent leur politique avec zèle”. H. Ameyar