« Au moment où le président de la République propose l'amnistie générale, un projet portant privatisation des entreprises publiques est en cours d'application. Cette politique engendrera inévitablement une explosion sociale. Une situation tout à fait en contradiction avec la réflexion du chef de l'Etat. C'est un séisme réel qui se prépare », s'est exclamée hier Mme Louiza Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs (PT), lors d'une conférence de presse tenue à l'issue des travaux du comité central du parti et l'organisation des assises nationales de l'organisation des jeunes de cette formation. La porte-parole du PT ne connaît pas le contenu exact du projet portant amnistie générale. « Cette proposition a été lancée par le président, mais ce dernier n'a pas donné de détails précis pour comprendre le sens de cette sentence. Cependant, si l'opportunité se présente à moi, je demanderai au président la signification de cette phrase », a déclaré Mme Hanoune qui a, néanmoins, tenté d'analyser les propos du premier magistrat du pays en donnant la version de sa formation. La conférencière estime qu'avant d'entamer une action pareille - c'est-à-dire réconcilier les Algériens entre eux - le pouvoir devrait au préalable résoudre la crise politique qui secoue le pays. « L'Etat doit assumer ses responsabilités en assainissant la situation politique. Certes, les Algériens peuvent tourner résolument la page, mais à la condition de procéder au règlement de leurs problèmes, notamment la réparation des préjudices envers les familles des disparus. A mon sens, il ne peut y avoir de réconciliation alors que la Kabylie est plongée dans la décomposition », a soutenu la porte-parole du PT qui a ajouté : « Si l'amnistie est un moyen de réconciliation, cela veut dire l'instauration des libertés. Ce qui signifie, en somme, le règlement de certaines questions qui sont toujours suspendues, faute de volonté politique, telles la constitutionnalisation de tamazight et l'abrogation du code de la famille. Il est aussi extrêmement grave de mettre des adolescents en prison parce qu'ils ont manifesté dans la rue leur colère », a relevé Mme Hanoune. Fidèle à sa position, la première responsable du PT a lancé un appel pour la défense de l'unité de la République contre les privatisations, la régionalisation et la déréglementation. De l'avis de la conférencière, la privatisation des entreprises publiques signifie la généralisation de la décomposition et la division des travailleurs. « Il y a une angoisse chez les travailleurs et ils sont choqués d'entendre de hauts responsables du pays parler, d'une manière catégorique, de privatisation de toutes les entreprises. » En outre, Mme Hanoune a expliqué que son parti a pu, avant le 8 avril, peser de tout son poids pour faire barrage au projet de privatisation. Il a aidé les syndicalistes dans leur lutte contre la politique du bradage et, grâce à leur mobilisation, plusieurs décisions émanant du pouvoir ont été annulées. Malheureusement, de l'avis de l'oratrice, il y a aujourd'hui un rouleau compresseur qui porte atteinte au droit syndical. « Nous avons essayé de nous imposer par le biais de l'APN, mais étant minoritaires, certaines de nos propositions n'ont pas été prises en considération », a lancé, sur un ton désolé, la porte-parole du PT. Par ailleurs, un constat aussi négatif a été dressé par les jeunes du parti qui ont tenu ce week-end leurs assises. « Nous avons décidé de créer une organisation des jeunes pour la révolution. Les jeunes qui ont pris la parole ont tous relevé la régression au sein des universités, la violence dans les campus qui est le produit de la régression sociale. Globalement, les problèmes tels qu'énumérés par les jeunes sont identiques à travers le territoire national », dira un jeune universitaire. La naissance de cette organisation, qui a pour objectif de rapprocher les jeunes de divers horizons, est qualifiée de fait historique par Mme Louiza Hanoune.