Deux soirées pour le gnawi qui n'ont pas été, faute d'une meilleure programmation, un grand succès. La plage de Sidi Fredj déborde de vacanciers qui convergent vers le port de plaisance en fin de journée pour enchaîner avec les soirées du Casif. L'espace de deux soirées, l'imposant amphithéâtre a pris des airs de zaouia du sud du pays. En effet, jeudi soir, le Casif a accordé sa scène au groupe mystique El Ferda de Knadsa. Matelas, tapis, voilages et tenues traditionnelles étaient les ingrédients qui ont imposé une ambiance feutrée et pieuse. La troupe menée par Hocine Zaïdi, l'influence ghiwane du groupe, entame sa prestation par un titre de son nouvel album afin de sonder les réactions de son public aux nouvelles quacidate de Sidi Mbarek, un poète de Kenadsa. Le reste de la soirée était marqué par l'incroyable performance vocale de Larbi qui se lâche en chantant, entre autres, Salam et Benbouziane. Seul hic de la soirée, la symbiose n'était pas au rendez-vous entre le groupe et son auditoire, ce qui a diminué de l'interactivité propre à la troupe El Ferda. Notons que le groupe El Ferda prépare un nouveau produit qui n'attend que la phase de production pour être lancé sur le marché. Samedi soir, après un détour par la musique orientale avec la voix du chanteur libanais Merouan El Khouri, le Casif renoue avec la musique gnawie en faisant monter sur scène le groupe Sakia et son leader Joe Batory. La transition de l'oriental au gnawi était difficile mais Sakia entame quand même son diwan à la manière algéroise (diwane dzaïr). Tout au long de la prestation, la fusion musicale était perceptible. Le gnawi se mêle au jazz et au reggae en toute aisance et authenticité. Ouvrons une parenthèse pour dire que la programmation de deux genres musicaux différents en une seule soirée n'était pas faite pour assurer une meilleure écoute. La prestation de l'artiste libanais avait duré jusqu'à une heure. Par conséquent, le groupe Sakia ne pouvait pas convaincre un public qui avait fait le déplacement pour la star orientale beaucoup plus que pour le groupe gnawi. D'ailleurs, les gradins du Casif ont commencé à se vider des fans dès les premières notes de gumbri. Le groupe Saka et Joe Batoury méritaient certainement une meilleure organisation et assurer un détour beaucoup plus attractif.