Nedjahi Abdellah, directeur de l'Institut national de recherche forestière, est un fervent partisan d'un aménagement de la forêt dans le cadre du développement durable. Il répond à nos questions. Quelle est l'activité de l'INRF ? La recherche forestière et agronome est un héritage de l'occupation française, mais nos thématiques de recherche ont bien évolué. L'institut comprend environ 400 employés dont une centaine de chercheurs. Nous avons 13 stations de recherche à travers le territoire national situées, principalement dans le nord. Depuis une dizaine d'années, date à laquelle la notion de réchauffement climatique est apparue, nous avons établi une station à Tamanrasset qui travaille sur des espèces sahariennes. Cela est très intéressant, car il est loisible d'observer des espèces qui renferment des gènes qui leur permettent de résister à la chaleur, ce qui est le cas du cyprès du Tassili, des acacias radiana, de l'olivier laperine qu'on retrouve dans le Hoggar et le Tassili. Quel état des lieux établissez-vous des forêts algériennes ? Nous avons un taux de boisement de 11%, mais il est inégalement réparti. Par exemple, il existe une couverture de près de 30 à 35% à Jijel ou à Annaba, alors qu'à Tiaret, il est d'à peine 5%. Il existe donc un déséquilibre auquel il faut parer dans des efforts de boisement plus réfléchis. Mais, il n'y pas d'aménagement de la forêt. Vous savez, une forêt qui brûle c'est une forêt dont on ne s'occupe pas, qu'on ne cultive pas, qu'on ne travaille pas. Si la population et les collectivités locales étaient associées par exemple à la gestion du chêne-liège, cela protégerait les forêts et permettrait à une collectivité de récolter l'argent de ce travail. La population et les collectivités doivent tirer profit du pâturage et des revenus du liège. Quelles solutions préconisez-vous pour lutter contre les incendies ? Dans le sud de la France, ils ont installés tous les 20 ha des caméras de surveillance qui leur permettent d'intervenir dès le début d'incendie. On n'en demande pas autant. Nous avons une carte des zones, où se répètent les incendies et qui sont connues telles que Tizi Ouzou, Boumerdès, El Tarf, Béjaïa, Annaba, Blida. Il faut ouvrir de nouvelles routes dans les forêts pour y accéder plus facilement. Il faut également gérer la forêt de façon sylvicole, élaguer les arbres, retirer le sous-bois… Enfin, il faudrait installer des stations météo à l'intérieur des massifs qui permettraient de faire une prévision 24 heures à l'avance et repérer ainsi lorsque les températures risquent de provoquer un incendie.