Le gouvernement vient de décider, unilatéralement, de taxer tout achat d'un véhicule neuf. Comble de la bizarrerie et sans demander rien à personne, il est allé jusqu'à instituer cette taxe toute particulière qui vise à faire contribuer l'acquéreur d'une nouvelle voiture au financement d'un fonds spécial pour « soutenir les prix du transport public en commun ». Encore une fois, le gouvernement surprend lorsqu'il pressure plus que ne le sont déjà les citoyens au pouvoir d'achat très limité. Il s'agit là d'une taxe de trop pour tous ces salariés moyens dont c'était le seul rêve possible de s'acheter un véhicule neuf par le moyen d'un crédit bancaire. Car, désormais, les petites bourses devront payer au moins 5 millions de centimes de plus à l'Etat sur chaque voiture achetée, ce qui renchérira d'autant les prix des véhicules ou même plus. En effet, une autre mesure qui concerne également les concessionnaires établit une taxe de 1% sur leur chiffre d'affaires annuel. Et il n'est pas dit que ces derniers ne répercuteront pas cette hausse sur les prix de vente de véhicules aux consommateurs. L'Exécutif a-t-il vraiment les raisons de justifier cette mesure qui ne semble pourtant être conçue que pour contrarier l'enthousiasme de cette catégorie de la société dont les faibles niveaux des salaires ne permettent au mieux, comme satisfaction des besoins, qu'à disposer d'un véhicule au prix d'un endettement réglé rubis sur l'ongle à la banque ? Non, il ne le pourra pas sans prendre le risque de se démasquer. Car que veut dire une taxe sur le soutien des prix du transport public en commun ? Le gouvernement, et non l'Etat comme ce premier aime souvent s'appeler, doit pourtant assumer la responsabilité de ses choix politiques. Cette mesure est le résultat de son choix contenue dans la loi de finances complémentaire 2008. Et pour cela, il convient de lui rappeler que cette disposition instaure, de quelque côté qu'on voudrait l'analyser, une sorte d'inégalité devant l'impôt. Comment peut-on retenir le principe de faire contribuer les acquéreurs de voitures rutilantes comme les 4x4 et autres véhicules de luxe et les petites cylindrées à des niveaux presque similaires ? Pour le salarié moyen, cette mesure représente presque le montant de l'apport personnel qu'il lui faut verser avant de contracter le crédit bancaire qui n'est pas gratuit puisqu'il donne un loyer d'argent qui n'est que trop cher. Il est intéressant de faire remarquer aux pouvoirs publics que sur ce dernier point justement, les banques étrangères sont les seules à détenir ce créneau juteux à l'exclusion, comble de l'ironie, des banques publiques algériennes. En réalité, le gouvernement ne peut justifier raisonnablement cette mesure, sauf à vouloir suggérer qu'il est maintenant temps de mettre fin à la démocratisation du crédit bancaire jusque-là, malheureusement, uniquement réservé à l'acquisition d'une voiture faute de mieux. S'agit-il pour nos politiques de revoir la copie en voulant réorienter l'investissement des ménages ailleurs que dans les voitures qui sont, du reste, budgétivores de notre devise aux senteurs de pétrole ? Peut-être. Mais ce serait alors maladroit. Car les salariés payent déjà au prix fort le manque d'infrastructures, l'absence de service public dans les transports comme dans les administrations, souvent au titre des défaillances de nos politiques. Pour d'aucuns, ce prix est celui d'une voiture personnelle. Quant au reste, la finalité financière ne peut expliquer cette mesure.