L'Algérie trébuche sur la mondialisation ! Le gouvernement semble avoir tiré les enseignements de la dernière acquisition par le groupe français Lafarge des cimenteries de Mascara et de M'sila auprès de l'entreprise égyptienne Orascom Cement. La cession de ces cimenteries par le groupe égyptien à une autre entreprise étrangère a suscité le mécontentement des pouvoirs publics, qui ont décidé alors de mettre de l'ordre dans le domaine et de revoir la stratégie de privatisation et de partenariat. Le Conseil des participations de l'Etat (CPE) s'échine, depuis la semaine dernière, à préparer un certain nombre de mesures à cet effet. C'est ce qu'a indiqué hier le ministre de la Communication, Abderrachid Boukerzaza. S'exprimant lors d'une conférence de presse animée à l'issue de la réunion du conseil de gouvernement, le ministre affirme que le gouvernement compte introduire « le droit à la récupération des entreprises cédées par les opérateurs étrangers et nationaux ». « L'Etat est prioritaire. Quand le CPE traite avec un opérateur étranger donné, ce dernier n'aura pas, désormais, le droit de vendre son entreprise réalisée en Algérie à un autre opérateur sans avoir l'aval du gouvernement », explique-t-il en affirmant que cette mesure intervient « pour préserver l'intérêt national dans le cadre du respect de l'économie de marché ». Selon lui, cette décision est justifiée par la nécessité de combler les vides juridiques existant dans la législation nationale. « Le pays est passé par une période très difficile où il cherchait désespérément des investisseurs. Aujourd'hui, il est grand temps de corriger les lacunes et de combler les vides juridiques », souligne-t-il. Des ateliers, ajoute-t-il, ont été ouverts par le chef du gouvernement pour élaborer des réglages dans ce domaine. En outre, l'Exécutif veut aussi prendre le taureau par les cornes en révisant la question du transfert des capitaux. Les critiques du président Bouteflika concernant certains investissements étrangers en Algérie semblent avoir stimulé le gouvernement à réglementer le transfert des capitaux. « Cette mesure définira les conditions de transfert des capitaux applicables à travers le monde et dans le cadre du respect des lois nationales », indique-t-il. Cette décision concernera, en particulier, les entreprises étrangères implantées en Algérie. Précisant qu'aucun groupe arabe intéressé par l'investissement en Algérie ne s'est retiré, M. Boukerzaza annonce la décision du gouvernement d'accorder des facilités à des investisseurs arabes dont les projets en Algérie sont en cours de finalisation. « Les concernés sont des opérateurs émiratis », note-t-il, en démentant l'information selon laquelle le groupe émirati Dubaï Ports World a remporté la gestion des ports d'Alger et de Djendjen (Jijel). « Les négociations sont toujours en cours », affirme-t-il. Reconnaissant l'échec du processus de privatisation enclenché au milieu des années 1990, le gouvernement s'engage à le corriger. « Le président de la République a eu le courage de reconnaître l'échec de ce processus et il a instruit le gouvernement d'apporter les modifications nécessaires », enchaîne-t-il. L'un des ateliers mis en place par le chef du gouvernement, dit-il, « a pour mission de réfléchir sur la nouvelle orientation du processus de privatisation et de partenariat ». A la question de savoir si l'Exécutif a établi le bilan dudit processus (lancé il y a plus de 10 ans), le ministre répond par la négative. « Nous sommes en train d'évaluer ce processus. Nous n'avons pas fait de bilan pour le moment », conclut-il.