Le programme quinquennal d'aide à l'habitat rural est loin de connaître des résultats satisfaisants dans la wilaya de Boumerdès. En effet, trois ans après son lancement, ce programme affiche un taux de réalisation ne dépassant pas les 10 % au niveau des communes de cette wilaya. Dans les communes de Bordj Menaïel, Boumerdès, El Kharouba, Hammadi Sidi Daoud, Souk El Had, Taouarga et Zemmouri aucun projet n'est encore achevé. Les informations en notre possession font état de 1351 demandeurs pour 500 aides seulement affectées pour cette wilaya, et qui ont dû signer le cahier de charge auprès de la CNL. Le nombre de décisions octroyées se diffère d'une commune à une autre et est subordonné au caractère rural. Le nombre de demandes et d'habitants n'est pas pris en compte par les services concernés. 816 bénéficiaires ont reçu la première tranche de l'aide, 501 ont eu la deuxième tranche et seulement 192 citoyens ont reçu la troisième et la dernière tranche de l'aide depuis le lancement du programme en 2005. Cette wilaya a bénéficié de 500 aides et d'un quota de 326 aides dans le cadre du programme complémentaire 2007-2008. Ayant constaté un certain blocage et d'énormes retards et contraintes liées au foncier, les services de la wilaya avaient décidé de verser 3326 aides vers la formule LSP qui suscite, selon eux, plus d'engouement auprès de la population. Ceux qui ont nourri tant d'espoir d'avoir enfin un toit à la faveur de ce programme d'aide à l'auto-construction se plaignent aujourd'hui des lenteurs administratives et des embûches ayant caractérisé ce programme depuis son lancement en 2005. Dans les zones rurales où on a enregistré une forte demande, les postulants se sont vite rendus compte de la difficulté de lancer le chantier. Un nombre important de ceux qui ont lancé leurs projets se plaignent de la flambée des prix de construction et réclament « la révision à la hausse du montant de l'aide à 70 millions de centime » pour achever leurs bâtisses à l'arrêt depuis au moins trois ans. Beaucoup d'entre eux se disent « outrés par les retards et les allers-retours » qu'ils effectuent entre les différents intervenants de ce programme, à savoir l'APC, la daïra, la DLEP et la CNL pour s'enquérir de l'état d'avancement de leur dossier. « Ça fait plus de cinq mois que j'ai eu l'ordre de virement de ma deuxième tranche de l'aide mais à chaque fois que je sollicite la BADR, on me dit de patienter », nous dira un citoyen des Issers qui souhaite l'intervention de l'Etat auprès des banques pour faciliter l'octroi de l'aide. D'autres postulants à cette aide publique n'ont pas manqué de soulever des problèmes relatifs à l'établissement d'un acte de possession et la délivrance d'un permis de construire qui leur permettra de commencer les travaux. Pourtant pour les postulants habitant les zones non cadastrées et qui ne sont pas détenteurs d'un certificat de possession authentique, le président d'APC est tenu d'établir un certificat de possession dans un délai de trois mois. Avant de bénéficier de la première tranche de l'aide, les bénéficiaires sont tenus d'achever 20% de la construction. Chose qui n'est pas aisée pour les bénéficiaires qui ont déjà engagé leurs économies dans la constitution du dossier, l'étude du sol et le permis de construire. Devant ces contraintes et pour relancer le programme, la CNL et la BADR ont signé un protocole d'accord, en avril dernier pour le lancement du crédit hypothécaire au profit des bénéficiaires de ce programme. Ledit protocole stipule que « la BADR s'est engagée à libérer des tranches de crédits simultanément avec les tranches d'aides CNL et selon les conditions de banques en vigueur ». Néanmoins, après plus de trois mois de sa signature, cet accord n'est toujours pas en vigueur et les engagements se font toujours attendre par les bénéficiaires qui éprouvent des difficultés financières dans le lancement de leur projet. Ne trouvant aucun soutient valable de la part des services concernés, de nombreux postulants à cette aide se sont retrouvés sur le point de se désister et « continuer à vivre dans nos taudis ».