Les quatre cadres d'Air Algérie poursuivis pour dilapidation de deniers publics et octroi illicite de privilèges ont été tous relaxés, hier, par le tribunal correctionnel d'El Harrach près la cour d'Alger. Une décision qui a permis à l'ex-directeur technique, Rachid Akrour, de retrouver sa liberté après plus de sept mois de détention provisoire. Après deux semaines d'attente et d'angoisse, le tribunal correctionnel d'El Harrach a rendu hier sa décision relative au procès de l'ancien directeur du service technique d'Air Algérie, Rachid Akrour, ainsi que ses trois collaborateurs Benahmed Slimane, Zaouali et Zemmouchi Fadel, poursuivis pour détournement de deniers publics et octroi de privilèges illicites. Ainsi, les quatre cadres de la compagnie nationale de transport aérien ont été relaxés, alors que le représentant du fournisseur américain ASA, Khelaf Diab, a été condamné par défaut à une peine de 10 ans de prison. Le parquet a donc huit jours pour faire opposition dans le cas où il conteste le verdict. A rappeler que lors du procès tenu le 19 juillet dernier, le ministère public avait requis des peines de 7 ans de prison contre Akrour et de 3 ans contre les trois autres prévenus, sans pour autant argumenter ses demandes. La partie civile, représentée par l'avocat d'Air Algérie, avait créé la surprise et permis l'espoir lorsqu'elle a déclaré n'avoir rien à reprocher aux prévenus, précisant que les enquêtes internes ont fait état d'un abus de confiance de la part du fournisseur, ASA, auquel elle a réclamé 34 millions de dinars de dommages-intérêts. La défense des quatre cadres a plaidé tout simplement la relaxe du fait de l'inexistence de preuves matérielles. Tous les avocats qui se sont succédé ont insisté sur le caractère commercial de cette affaire qui, selon eux, n'aurait jamais dû aboutir devant le tribunal correctionnel. Finalement, les quatre cadres poursuivis se sont avérés n'être que des lampistes dans une affaire qui, à ce jour, n'a pas livré ses secrets. Des questions subsistent encore sur les vrais responsables qui ont permis à ASA de bénéficier de contrats aux clauses faites sur mesure, car le fond de ce scandale n'est pas d'avoir acquis des pièces de rechange utilisées, mais plutôt d'avoir permis au fournisseur de bénéficier de tous les privilèges sans s'assurer en contrepartie de la garantie de la préservation des intérêts d'Air Algérie. Lors du procès, l'ancienne directrice du service juridique avait expliqué que les contrats de fourniture de consommables sont traités d'abord par les départements juridiques avant d'atterrir au service technique qui, lui, ne se prononce que sur le volet technique des produits à acheter. Lors des débats, la présidente de l'audience n'a cessé d'ailleurs de répéter que le contrat n'était pas illégal, mais semblait être fait de manière à préserver les intérêts d'ASA et non pas ceux d'Air Algérie. Le fond de cette affaire se trouve donc dans ce point précis qui, malheureusement, a été totalement élagué lors du procès. Encore une fois, l'opinion publique a raté l'occasion de connaître les dessous de cette affaire qui a éclaboussé Air Algérie, mais surtout causé de graves préjudices moraux et physiques à quatre cadres de la compagnie, dont Rachid Akrour qui a passé plus de sept mois en prison. A signaler que c'est suite à une lettre de dénonciation que le tribunal d'El Harrach s'est saisi de cette affaire, fin 2005, et ce n'est qu'au mois de mars 2006 que le défunt PDG, Tayeb Benouis, a déposé plainte contre le fournisseur ASA. Plus d'une vingtaine de personnes, citées dans le rapport d'enquête de la brigade économique de la police judiciaire de la sûreté de wilaya d'Alger ont été entendues par le juge d'instruction, qui a retenu à la fin les chefs d'inculpation de « dilapidation de derniers publics » et « octroi illicite de privilèges ». Il s'agit en fait de deux contrats, l'un passé en 1997 et l'autre en 2004, pour l'acquisition de pièces de rechange dont certaines étaient usagées. L'ex-directeur technique était le premier à avoir demandé la suspension des relations commerciales avec le fournisseur américain ASA pour « non-respect des clauses du contrat ». Pour les avocats, cette affaire « cache un règlement de compte » d'autant que Rachid Akrour « devait être nommé en janvier 2008 » à la tête de la filiale technique d'Air Algérie. Il avait également pris des positions courageuses qui lui ont valu les foudres de certains responsables de la compagnie.