Organisé par le ministère de la Culture et de la Communication, en collaboration avec le Groupe d'études et de recherche sur la démocratie et le développement économique et social en Afrique (Gerddes), les associations Fassa et Corali, une association pour la coopération des radios libres, ce colloque a permis d'étudier le rôle des radios associatives comme moyen d'expression des populations, notamment celles isolées ou défavorisées. Abdellahi Salem Moualla, ministre de la Culture et de la Communication, a souligné dans son allocution : « Le gouvernement est résolument décidé à réaliser la libéralisation de l'espace audiovisuel. Un projet de loi régissant la communication audiovisuelle a fait l'objet d'une large concertation avec tous les acteurs publics et privés et soumis actuellement aux deux chambres du Parlement. » Hélène Flautre, députée européenne, présidente de la commission des droits de l'homme du Parlement européen, a affirmé : « En cette année anniversaire, le 60e, de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il serait remarquable et remarquée que la Mauritanie franchisse une étape audacieuse en matière de liberté des médias. Ce serait une lumière prometteuse dans un paysage médiatique trop souvent soumis aux contrôles, aux harcèlements des journalistes, à la censure d'Etats liberticides et aussi aux impératifs des annonceurs ou des actionnaires, aux liaisons dangereuses avec les pouvoirs économiques ou politiques. » Bâ Aliou Ciré, expert en communication, a tenu à préciser que « le contexte économique défavorable et le manque de formation des jeunes journalistes venus au métier par hasard ont entraîné des dérives dans la pratique professionnelle, si bien que les pouvoirs politiques ne parviennent pas à abandonner leurs velléités traditionnelles de contrôle ». Fatimatou Bintou Diop, d'une ONG basée au Sénégal, a mis en exergue le fait que « les besoins du public et ses préoccupations doivent être pris en compte au point qu'il faut rompre avec les informations centrées uniquement sur les autorités ». Le passage des médias publics en médias de service public exige de faire évoluer en même temps les mentalités, car, a-t-on fait remarquer, « en Afrique, les changements viennent d'en haut, des centres de décision, du pouvoir, des capitales, et ce, souvent du fait des conjonctures politiques posant problème à l'Etat qui, du coup, préfère expérimenter d'autres méthodes ». Rythme de balancier en Algérie S'il est vrai qu'on ne peut pas trop compter sur les médias pour démocratiser la société, il n'en demeure pas moins que l'amélioration de la société ne peut plus s'effectuer sans le pluralisme et la liberté (même partielle) des médias. Ils permettent ainsi d'exprimer les plaintes, les besoins, les aspirations des populations, leurs espérances et leurs illusions, et ce qui apparaît illusion aujourd'hui peut devenir réalité demain. Chouikha Larbi, professeur à l'Institut de presse et des sciences de l'information de Tunisie, a posé une problématique intéressante : les TIC peuvent-elles stimuler un changement démocratique ? Partant de cette interrogation, il a brossé le contexte dans son pays : un espace public accaparé par l'Etat et dans lequel les notions de presse publique, indépendante et presse privée peuvent être sérieusement questionnées. L'intrusion satellitaire constitue « une fissure dans un tel espace, mais il importe de rester vigilant quant à l'idée que la prolifération et la généralisation des TIC peuvent créer le sentiment de liberté et générer un processus de démocratisation. Les NTIC ne peuvent stimuler un changement démocratique ». En marge de cet événement, l'institut Panos Paris (IPP) a invité des Algériens et les Tunisiens à un atelier de réflexion et d'échange visant à favoriser les expériences ainsi qu'à « stimuler la réflexion sur les conditions de la mise en place d'une instance de régulation des médias ». En Algérie, le champ médiatique dans le secteur de la presse écrite comme dans celui de l'audiovisuel a connu un rythme de balancier entre des périodes d'ouverture prometteuses, de pluralisme et de diversité et des périodes de reprise en main par l'Etat. Aussi bien en Algérie qu'en Tunisie, l'IPP note « une dynamique favorable qu'il importe d'impulser ».