Plusieurs milliers d'Algériens surfent sur la nouvelle vague « Facebook ». Ils y font preuve d'un remarquable sens de l'humour. Retour sur un phénomène numérique. A l'origine, Facebook (trombinoscope en anglais) devait être un service destiné aux étudiants américains. Désormais accessible dans le monde entier, le site déclenche les passions. Le plus grand réseau social (64 millions d'utilisateurs dans le monde) fascine autant qu'il déçoit. Le site permet de retrouver les anciens camarades de classe, de constituer des réseaux professionnels et encourage le voyeurisme. Certains aiment à se dévoiler à grand renfort de photos, vidéos et autres « tests de personnalité ». « Facebook est le meilleur moyen pour t'qaridj, de remplir les bouteilles, la page d'accueil est inondée de messages en tout genre. Untel est en en vacances, telle autre a rompu ses fiançailles, tel autre n'est plus célibataire », nous dit une étudiante à la faculté d'Alger. Les groupes qui se créent se suivent et ne se ressemblent pas. Il y a d'abord ceux qui ont des revendications précises : le groupe qui milite pour le retour au week-end universel en Algérie a drainé 242 membres, celui qui agit pour qu'il y ait des filles dans les stades de foot algériens a réuni 72 membres et le groupe qui défend « Chawki Amari, le faiseur de trou au trou » suite à sa condamnation par le tribunal de Jijel a regroupé 126 membres. Mais les Algériens rivalisent surtout dans l'absurde. On y croise les sujets les plus improbables tels que le groupe de « ceux qui jouaient à la marelle avec boita chemma », celui des Algériens qui « ont appris à lire l'arabe avec Mustapha et Leila » (222 membres), en référence aux héros des manuels scolaires d'avant la réforme du système éducatif. « La langue française parlée à l'algérienne » a battu un record en réunissant plus de 2200 membres. Plus la cause est farfelue, plus on s'inscrit. Le club des Algériens qu'aucune Algérienne ne mérite compte près d'une cinquantaine de membres. Face à l'affront, les filles ont pris les devants. Le club des Algériennes qu'aucun Algérien ne mérite a regroupé 91 membres. Les deux clubs se réconcilient autour du thème « les Algériennes sont belles » (presque 800 membres). Curieusement, ce sont les groupes à connotation patriotique qui ont le plus grand succès auprès des Algériens. Le groupe « Je n'ai pas demandé à naître algérien, j'ai juste eu de la chance », a drainé 526 membres. La version en anglais a réuni pas moins de755 membres. « Les Algériens danger khawa fi l'étranger » a réuni plus de 1000 membres. Et le groupe « The great facebook race : Algeria » est fort de plus de 3500 membres. Il est important de noter que Facebook a permis la naissance du Parti virtuel algérien (PVA) qui réunit actuellement près de 65 membres et qui envisage « d'organiser un congrès et d'élire démocratiquement un bureau et un président ». Mais tout cela, précisent les créateurs des groupes, c'est juste « pour le fun ».