Le leader libyen cherche à acquérir la technologie nucléaire de troisième génération, à travers l'achat d'un European Pressurized Reactor (EPR), dont le coût est de trois milliards de dollars, auprès du groupe français Areva, qui a été sollicité pour la présenter à Tripoli. Mouammar El Kadhafi met les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu lorsque son pays était sous embargo militaire, en multipliant les contrats et les contacts avec les firmes spécialisées en la matière. La dernière information, révélée hier par le quotidien français le Parisien, fait état de la sollicitation de la société Areva pour la présentation de la “gamme de ses produits aux Libyens”. Mais ce qui intéresse le plus Tripoli, c'est l'European Pressurized Reactor (EPR), un réacteur nucléaire de troisième génération produit par cette firme, qui constitue en fait le réacteur le plus puissant au monde. Ainsi, des “discussions préliminaires” ont été entamées par les deux parties, et les autorités libyennes ont fait part de “leur intérêt pour l'EPR”, selon une source chez Areva citée par le quotidien. Philippe Delaune, adjoint au directeur-adjoint des affaires internationales du CEA, maison mère d'Areva, indique qu'“une première étude devra d'ailleurs être menée sur la capacité du système électrique libyen à accueillir un tel réacteur, ce qui, en tout état de cause, ne pourra pas être possible avant dix ou quinze ans”. Selon lui, le mémorandum sur le nucléaire civil, signé par Nicolas Sarkozy lors de sa visite à Tripoli, “ouvre la voie à d'éventuelles coopérations industrielles pouvant aller dans le domaine nucléaire jusqu'à la fourniture d'un réacteur”. La même source ajoute qu'“une première étude devra d'ailleurs être menée sur la capacité du système électrique libyen à accueillir un tel réacteur, ce qui en tout état de cause ne pourra pas être possible avant dix ou quinze ans”. Pour information, une centrale EPR représente un coût total de trois milliards d'euros environ. Le groupe français Areva est en train de réaliser actuellement avec Siemens son premier réacteur EPR en Finlande, un projet marqué par de nombreux retards. Il a également a également signé un protocole d'accord portant sur la fourniture de deux centrales EPR à la Chine, qui doit encore être formalisé. Par ailleurs, le journal précise que ces informations lui ont été confirmées par un porte-parole du Commissariat à l'énergie atomique (CEA). À ce jour, seules la Finlande, la Chine et la France ont signé des contrats avec Areva. Par ailleurs, le Daily Telegraph d'hier rapporte que la Libye essaie de gagner du temps avant de remplir son engagement pris en 2003 de se débarrasser de ses stocks d'uranium, dont elle détient toujours près de 200 barils dans une base militaire. Se référant à des sources proches du dossier sous couvert d'anonymat, le quotidien londonien affirme que le stock d'uranium conservé par Tripoli, dont la valeur s'élève à 295 millions d'euros, est entreposé dans une base militaire à Sabha. Le colonel El Kadhafi a accepté la procédure dictée par l'AIEA, mais l'a retardée, écrit le journal, en précisant qu'“il entend utiliser l'uranium comme outil de tractations pour obtenir un réacteur”. Pour rappel, la Libye a accepté en décembre 2003 de démanteler ses programmes de développement d'armes de destruction massive, en contrepartie de la levée des sanctions imposées par la communauté internationale, et à coopérer avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). K. ABDELKAMEL