Contrairement au conflit tchétchène passé aux oubliettes, celui de la Russie avec la Géorgie préoccupe les Européens et les Américains. La raison est simple : la Géorgie est la plaque tournante de tout un réseau d'axes énergétiques. Cette ancienne République soviétique est au cœur de l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) entre l'Azerbaïdjan et la Turquie. Quotidiennement, il fournit aux marchés internationaux un million de barils de brut de la Caspienne en provenance de fournisseurs indépendants de la Russie et de l'OPEP. Les ports géorgiens jouent également un rôle important pour l'acheminement du pétrole de la mer caspienne. Provenant d'Azerbaijan, du Turkménistan et du Kazakhstan, plus de 500 000 barils de pétrole quittent chaque jour ces ports et des projets sont en cours pour augmenter cette capacité de 200 000 barils supplémentaires. Outre son rôle dans le pétrole, le gaz à destination des Européens passe aussi par la Géorgie avec le gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum entre l'Azerbaïdjan et la Turquie. Plus de 6,5 milliards de mètres cubes sont livrés annuellement. Avec les projets d'expansion en cours, l'approvisionnement pourrait tripler. Dans le but de limiter sa dépendance énergétique à l'égard de la Russie, l'UE a développé les projets d'acheminent énergétique par les pays frontaliers à la Russie et la Géorgie est au centre du réseau. Michael Klare, auteur d'un ouvrage sur la géopolitique de l'énergie explique : « Si la Géorgie n'est plus une voie de passage sûre, alors tous ces plans pour réduire la dépendance vis-à-vis de la Russie vont partir en fumée. » En reprenant l'ascendant dans la région, le Kremlin reprend les routes du pétrole et du gaz. Les espoirs européens d'indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie risquent de partir en fumée. Notamment le dernier projet en cours du gazoduc Nabucco, entre la mer Caspienne et l'UE, où la Géorgie était encore acteur principal. Autre possibilité pour les Européens : passer par l'Arménie, mais là encore les séparatistes sont présents. Et Moscou veille au grain car elle ne souhaite pas perdre son client européen à qui elle fournit un quart de son pétrole et la moitié de son gaz naturel.