Toute politique devant guider l'économie d'un pays doit reposer sur un facteur essentiel, à savoir la motivation de l'élément humain. Le développement local ne peut réussir si cet élément est absent dans la stratégie tracée pour sa concrétisation. Si cette stratégie privilégie dans ses principaux axes les solutions dites « standards », son sort sera voué inéluctablement à l'échec. C'est en substance ce que décrit en 140 pages le docteur Mohamed Berrabah, dans son livre paru récemment sous le titre Perspective du développement en Algérie. L'écrivain, qui est un homme de droit et professeur en psychologie économique à l'université d'Es Senia (Oran), a choisi cette conjoncture économique de l'Algérie, où il y a un manque de visibilité, pour tenter de participer, à travers ses idées et ses recommandations, au débat général inhérent à la remise sur voie de notre économie. Celle-ci, note l'auteur, donne une impression disproportionnée du fait de « l'embellie financière actuelle générée par la montée quotidienne et vertigineuse du prix du baril du pétrole ». « Avec cette manne financière, renchérit-il, l'économie algérienne aurait été plus performante », si les gouvernements qui se sont succédé avaient tenu compte de ce qu'il a appelé « la cognition ». La cognition, qui rassemble plusieurs sciences, est un processus par lequel on acquiert plusieurs connaissances. Elle n'est nullement un « outil » économique nouveau, note l'auteur, en poursuivant qu'elle a été utilisée par l'ensemble des pays actuellement en période de forte croissance dans leur vie économique et sociale telle que la chine, le japon les Etats-unis et beaucoup d'autres pays occidentaux. Elle privilégie la recherche sur la nature et les causes de la richesse. Si cette cognition est accompagnée par la motivation de la ressource humaine et son adaptation à toute structure et infrastructure ayant un lien direct ou indirect avec le développement souhaité, le résultat ne peut qu'être positif, estime le Dr Berrabah. Ce dernier réserve une large place à l'historique des différents processus de développement engagés par l'Algérie depuis 1956 (congrès de la Soummam) en passant par la charte de tripoli (1962) pour s'arrêter jusqu'au dernier plan quinquennal (1980-1984). Il ressort de cette rétrospective que les plans ont été caractérisés par un monopole du secteur public que ce soit pour la production, la commercialisation et les services. Il relève qu'il y a eu une sous-exploitation des capacités de production de l'industrie de transformation, notamment durant la période 1974/77. La petite et moyenne entreprise était négligée jusqu'en 1983, indique l'auteur, qui rappelle que l'intérêt des pouvoirs publics pour ce secteur se résume à la tenue d'une semaine nationale en avril dernier. Une façon de signifier que le gouvernement se désintéresse toujours de ce dossier. L'ouvrage qui est écrit en langue nationale repose sur trois grands axes abordant la nature du sous-développement, la planification du développement et une proposition d'un modèle de développement. Dans la dernière partie de son livre réservée aux propositions, le Dr Berrabah souligne que « la modernisation de l'économie ne peut en aucun cas se concrétiser sur les décombres d'une société traditionnelle et il est du domaine du non-sens, voire de l'utopie, d'essayer d'imiter aveuglément les expériences du monde occidental » quand on sait que des « océans », au sens figuré comme au sens propre, nous séparent de ce monde.