La lutte contre ces engins de la mort que sont ces millions de mines antipersonnel laissées en « cadeau » empoisonné par la France coloniale continue d'être menée par l'armée nationale. Mais ce stock de mines ressemble au tonneau des Danaïdes en ce sens qu'à mesure que nos soldats opèrent sur le terrain, ils découvrent d'autres engins, pas forcément comptabilisés dans l'estimation officielle de 11 millions de mines. Preuve en est que l'ANP a découvert et détruit, durant le seul mois de juillet, pas moins de 3826 mines datant de la période coloniale le long des frontières est et ouest du pays. Il ressort des données établies par les services de l'armée que le total général des mines découvertes et détruites à la date du 31 juillet 2008 est de 298 401, dont 248 576 mines antipersonnel, 49 021 mines antigroupes et 804 mines éclairantes. S'agissant de la répartition de ces mines, au niveau de la 3e Région militaire et additivement au bilan arrêté à la date du 30 juin 2008, il a été découvert et détruit, depuis cette date, 1780 mines antipersonnel et 113 mines anti-groupes, ajoute la même source. Quant à la 2e Région militaire, le dernier bilan fait état de la découverte et de la destruction de 1273 mines antipersonnel, 86 mines anti-groupes et 7 mines éclairantes durant la même période, précise la même source. La 5e Région militaire n'est pas en reste puisque 543 mines antipersonnel, 23 mines antigroupes et une mine éclairante y ont été découvertes et détruites. Il faut noter que les autorités algériennes ont entamé l'opération de déminage des frontières Est et Ouest, plus connues sous les appellations de ligne Challe et ligne Morrice, depuis plusieurs années déjà. D'après des chiffres consolidés, les éléments de l'armé ont pu détruire près de 8 millions d'engins sur un stock global estimé à quelque 11 millions de mines. Il devrait en rester quelque 3 millions encore enfouis sous terre, qui tuent et estropient régulièrement nos compatriotes, notamment les bergers et les paysans vivant à proximité des zones infestées. Les opérations semblent s'accélérer depuis la remise par la France des plans de pose des mines, dans le sillage de la préparation de la visite d'Etat du président Nicolas Sarkozy en guise de « geste de bonne volonté », mais 46 ans après l'indépendance de l'Algérie. En effet, la cérémonie qui avait vu le général-major des forces armées françaises, Jean-Louis Georgelin, remettre à son homologue algérien, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, se voulait un signe de détente de la part de la France officielle, mais qui lui offrait dans le même temps le confort de se soustraire à son devoir de mémoire à l'égard des crimes coloniaux commis en son nom. Il faut rappeler, soit dit en passant, que l'Algérie a signé en décembre 1997 la convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel.