Les familles habitant le bidonville de Fedj Errih (col du vent) attendent avec impatience une évacuation, ayant trop tardé, surtout que des rumeurs persistantes font éventuellement état de la programmation d'une opération de relogement devant se dérouler les derniers jours du mois d'août ou au plus tard après le mois de Ramadhan. C'est ce qu'on a appris de certains membres du comité du quartier, qui nous ont confirmé le passage, au mois de mai dernier, d'une commission de recensement composée des représentants de la daïra de Constantine et du secteur urbain de Bab El Kantara. Si les résultats de cette opération n'ont pas été divulgués pour éviter toute controverse, l'on apprendra qu'un plan détaillé du site a été établi avec précision, repérant toutes les maisons existantes dans le but de débusquer d'éventuels intrus. Rappelons qu'une véritable polémique a alimenté, il y a une année, les débats au bidonville Fedj Errih après les déclarations du wali lors de l'annonce du programme d'éradication des bidonvilles de la ville de Constantine, prévu pour le premier semestre de l'année 2007 puis retardé pour diverses raisons. Le chiffre de 800 familles donné par le wali n'est pas passé sans susciter des réactions de la part des habitants de l'un des plus importants sites d'habitats précaires dans la ville. L'association du site de Fedj Errih, situé sur les hauteurs de la cité Emir Abdelkader, a pourtant rappelé que le recensement effectué par des commissions mixtes, représentant l'association et le secteur urbain d'El Kantara le 6 janvier 2003 et reporté sur les listes des 9 groupements composant le site, portant la référence n°729/03, a comptabilisé 1 120 familles à l'époque. « Toutes ces familles habitent le bidonville depuis des années et ne comptent pas d'intrus. Le recensement que nous avons effectué avec le président et le délégué du secteur urbain d'El Kantara en 2003 n'a jamais inséré les noms de familles étrangères », assurent les représentants de l'association de Fedj Errih, précisant avoir périodiquement sollicité les services du secteur urbain pour signaler toute tentative de construire d'autres habitats par d'indus occupants, et que l'APC a procédé à la démolition de celles-ci. Les personnes concernées soutiennent que des rapports trimestriels sur les cas sociaux spécifiques ont été remis aux services de la commune. Il est à noter que le bidonville a proliféré ces dernières années, surtout que de nombreux jeunes du quartier ont choisi de se marier et fonder leurs propres foyers. Il faut dire que le récent passage de la commission a quelque peu ravivé l'espoir au sein de la population de ce site dont la construction remonte aux années 1950, et où des citoyens continuent de vivre dans des conditions très dures. A Fedj Errih, on respire les odeurs des égouts, qui se trouvent partout où on met les pieds. Normal, puisque les rejets de la cité Halbedel se déversent tous là. Selon les chiffres de l'association du quartier, 70 % des habitants de Fedj Errih sont des démunis, alors que la cité compte de nombreux asthmatiques et allergiques, à côté de la gale, qui s'y enracine.