Tout au nord de la cité Emir Abdelkader, ex-Faubourg Lamy, le bidonville de Fedj Errih (col du vent) étale ses tentacules sur plusieurs centaines de mètres, et pourrait atteindre, si rien n'était fait pour l'éradiquer, la bourgade de Békira. La cité Fedj Errih grandit à vue d'œil, et aux yeux de certains riverains, le chiffre de 1 120 familles installées est bien loin de refléter la réalité. Celles-ci s'entassent comme elles peuvent, au milieu des rats, des mouches, des moustiques et des chiens errants, attendant un hypothétique recasement. Certaines d'entre elles sont là depuis les années 1950. Les premières à s'installer dans ce véritable nid d'aigle, niché à fleur de montagne, étaient des familles d'ouvriers, employés dans les carrières de Faubourg Lamy. Ils avaient décidé de construire des maisons de fortune pour se rapprocher de leur lieu de travail, auxquelles sont venues se greffer, au fil des ans, des centaines de taudis, créant ainsi un immense bidonville. Les habitants de Fedj Errih attendent avec impatience une évacuation, ayant trop tardé, surtout que des rumeurs persistantes font état de la programmation éventuelle d'une opération de relogement. C'est ce qu'on a appris de certains membres du comité de quartier qui nous ont confirmé le passage, au mois de mai 2008, d'une commission de recensement composée de représentants de la daïra de Constantine et du secteur urbain de Bab El Kantara ; mais, depuis, rien n'a filtré sur les résultats de cette opération, au grand dam des habitant. Une source proche des services de la daïra dira que le relogement de ces familles n'est toujours pas à l'ordre du jour, tout en reconnaissant que les conditions dans lesquelles vivent ces gens sont, le moins qu'on puisse dire, déplorables. En l'absence de route carrossable, l'on se demande d'ailleurs comment procèdent ces habitants pour évacuer leurs malades et comment ils agiraient en cas d'incendie. En hiver, ce sont des masses d'eau qui envahissent ces taudis. Pas de gaz de ville et pas d'eau potable pour eux, à l'exception de quelques puits disséminés ça et là, et dont le nombre est loin de satisfaire les besoins de cette population estimée à plus de 10 000 habitants, mais plutôt les eaux usées et les détritus rejetés par la cité Halbedel, située en amont du quartier, qui leur pourrissent le quotidien. En plus de l'habitat précaire, les pères de famille que nous avons rencontrés soulèvent tous le même problème, celui du chômage qui touche la tranche moyenne des occupants de ce bidonville en âge de travailler. Cependant, la principale source d'inquiétude demeure la santé des enfants, dont la plupart, disent-ils, surtout les nourrissons, seraient atteints d'asthme chronique ; d'aucuns évoquent d'autres maladies comme la gale ou la tuberculose. Dans ces conditions inhumaines, été comme hiver, les habitants de Fedj Errih lancent un appel pressant aux autorités pour qu'elles daignent enfin jeter un regard sur leurs souffrances et mettre un terme à leur calvaire.